Le globe est un objet familier, profondément ancré dans l’imaginaire de chacun. Un objet d’art et de savoir qui a incarné au fil des siècles la visionsphérique du monde. Comment appréhender aujourd’hui l’univers tel qu’il était connu et imaginé avant Copernic, avant Newton, avant les révolutions scientifiques et la conquête spatiale ? Initialement présentée au Louvre Abu Dhabi, l’exposition conçue par la BnF retrace 2500 ans d’une histoire des sciences et des représentations du ciel et de la Terre.
De l’Antiquité à nos jours, de la conception d’un monde sphérique clos centré sur la Terre à celle d’un univers infini en perpétuelle évolution, elle tisse les fils qui relient la quête de savoir à la science et à l’imaginaire d’aujourd’hui. Un voyage exceptionnel rendant hommage aux savants qui ont approché, de sphères en sphères, de cercles en ellipses, la modélisation d’un cosmos qui n’a pas fini de livrer ses secrets.
Près de 200 œuvres remarquables composent un parcours qui place en son cœur ces objets nobles et fascinants que sont les globes et les sphères. Les pièces exposées sont issues des collections de la BnF et d’institutions prestigieuses parmi lesquelles le musée national d’Art moderne, centre national d’art et de culture GeorgesPompidou, le musée des Arts et métiers, le musée du Louvre ou encore le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
L’exposition fait la lumière sur l’« invention » du modèle sphérique dans l’Antiquité gréco-latine. Au VIe siècle avant notre ère émerge une conception de l’univers fondée sur l’observation des mouvements cycliques du ciel, complétée par une intuition mathématique sur les propriétés de la sphère qui en font, aux yeux des savants et des philosophes, la forme la plus juste du cosmos. S’impose alors le modèle d’un monde clos composé de sphères concentriques portant astres et étoiles autour d’une Terre sphérique et immobile. Ce modèle est perfectionné par Ptolémée et matérialisé par les premiers globes.
La plus ancienne sphère céleste connue, présentée dans l’exposition, date du IIe siècle avant J-C. La présence de la sphère dans les arts antiques illustre par ailleurs sa forte portée symbolique. En témoignent les figures récurrentes des Empereurs tenant un globe – le monde – en leurs mains ou d’Uranie, muse de l’astronomie pointant sa baguette sur un globe suggérant l’influence des astres sur la destinée humaine.
Le parcours s’intéresse dans un second temps à la réception et l’évolution du modèle sphérique à l’époque médiévale dans le monde arabo musulman et l’Occident chrétien. Ces deux aires de civilisation sont marquées par l’importance des sciences astronomiques. Le globe céleste comme l’astrolabe sont parmi les instruments scientifiques les plus répandus en terres d’Islam. Héritière des savoirs antiques, l’astronomie arabe se développe et se diffuse par les textes de savants comme Abd al-Rahman al-Sufi (Xe siècle).
Dans l’Occident chrétien, le renouveau scientifique se fait pour l’essentiel par la voie arabe à partir du XIe siècle. Au XVe siècle, la traduction latine de la Géographie de Ptolémée et les premiers voyages d’exploration donnent une nouvelle impulsion à l’hypothèse sphérique et conduisent à la réalisation des premiers globes terrestres. Les conceptions antiques sont alors réinterprétées selon les croyances chrétiennes, comme le montre une abondante iconographie médiévale.
Le globe terrestre s’affirme ensuite comme modèle réduit de la Terre, à la faveur des explorations européennes et de la Renaissance des arts et sciences en Europe aux XVe et XVIe siècles. L’exploration des nouveaux mondes confirme la sphéricité de la Terre et précise sa géographie. Le globe est à la fois un outil au service des explorateurs et un moyen de restitution des nouvelles découvertes. Le fac-similé du globe de Martin Behaim de 1492, présenté dans l’exposition, témoigne ainsi des connaissances du monde avant la découverte de l’Amérique tandis que le « Globe vert » réalisé vers 1506 et attribué à Martin Waldseemüller est quant à lui le premier à représenter le « Nouveau Monde » et à le nommer « America ».
Le triomphe du modèle sphérique en Europe s’incarne alors sous la forme de la paire de globes – terrestre et céleste – produite en série grâce à la gravure et largement diffusée dans la société. Sa représentation dans les arts se déploie alors avec une grande variété de sens symboliques : pouvoir, savoir, vanité des œuvres humaines, instabilité du monde…
Pour finir, l’exposition aborde la question de la révolution copernicienne et des bouleversements des sciences après Kepler, Descartes et Newton. L’héliocentrisme et la rotation de la Terre autour du Soleil, la gravitation universelle, la découverte de nouvelles planètes et satellites ou encore l’infinité de l’univers pensée par Bruno, Kant ou Laplace, vont à l’encontre de la théorie d’un univers clos constitué de sphères imbriquées. À partir du XVIIe siècle, les premières sphères héliocentrées cohabitent avec le modèle ptoléméen géocentré.
Au fil des siècles et de l’évolution des connaissances, le globe s’enrichit, se transforme et devient un objet familier. La remise en cause de la place de la Terre au sein de l’univers s’accompagne paradoxalement d’une appropriation universelle de sa représentation en tant que sphère. La Terre a longtemps été imaginée depuis l’espace, faisant rêver savants et artistes, comme Jules Verne ou Méliès. Aujourd’hui, grâce notamment aux images satellites, son image est familière et sa force symbolique reste riche. Une image que les artistes contemporains, tels Alain Jacquet ou Thomas Hirschhorn, continuent d’interroger à la lumière des défis de notre époque.
L’exposition présente, parmi ces pièces exceptionnelles, une quarantaine de globes et sphères souvent uniques, mis en concordance avec des œuvres d’une grande diversité qui en éclairent la production, les usages ainsi que la symbolique : vestiges archéologiques, monnaies et camées, traités manuscrits ou imprimés, mappemondes, estampes et peintures, œuvres contemporaines. Des dispositifs multimédias permettent d’explorer en détail quelques-unes de ces sphères et de pénétrer les mystères de leur conception et de leur fabrication.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’invention de la sphère (600 av. J.-C. / 600 apr. J.-C.)
Entre science et philosophie
Alors que pour les poètes grecs Hésiode et Homère, la Terre est plate, ceinte d’un océan et surmontée d’un ciel d’airain, une nouvelle conception du monde naît au VIe siècle avant J.-C. dans les cités grecques. Celle-ci est basée tant sur l’observation des mouvements cycliques du ciel (courses du Soleil et de la Lune, déplacement des planètes, etc.) que sur une intuition mathématique : Pythagore au VIe siècle, puis Platon, Aristote et leurs disciples au IVe siècle avant J.-C. analysent les propriétés géométriques de la sphère, animée potentiellement d’un mouvement circulaire immuable, et en font la forme la plus convenable d’un cosmos qu’ils imaginent créé par un grand architecte, le Démiurge. Le principe d’un univers formé de sphères concentriques, portant les étoiles et les planètes, en rotation uniforme autour d’une Terre elle-même sphérique et immobile, est perfectionné au IIe siècle de notre ère par Claude Ptolémée d’Alexandrie, en trois sommes connues sous les noms d’Almageste, de Géographie et de Tétrabible. Ce principe constitue le modèle dominant jusqu’à la révolution scientifique initiée par l’astronome Nicolas Copernic au XVIe siècle. Divers instruments matérialisent cette hypothèse sphérique dès le IIIe siècle avant J.-C. L’exposition présente des traités philosophiques et scientifiques qui illustrent cette invention de la sphère. Une sphère céleste datant du IIe siècle avant J.-C, objet d’une grande rareté, témoigne par ailleurs des débuts de la fabrication de globes en Grèce.
La sphère des Césars et des Empereurs
La présence récurrente des sphères dans les arts antiques témoigne de la diffusion du modèle sphérique hors des cercles savants : dans la statuaire, les fresques et les mosaïques, les monnaies et camées, voire dans la littérature, avec le Songe de Scipion de Cicéron (54 avant J.-C.), la sphère devient un lieu commun teinté de diverses significations. En 75 avant J.-C., le globe apparaît sur les monnaies romaines ; il s’impose dès Auguste comme un attribut essentiel du pouvoir impérial, de son ambition universelle, voire cosmique. Deux représentations sont prépondérantes : l’Empereur tenant en main le globe – et donc le monde – ; l’Empereur associé à la Victoire, juchée sur un globe, qui légitime son pouvoir. La sphère peut être accompagnée d’autres emblèmes qui en nuancent le sens : la lance, symbole de l’action militaire, ou le phénix, oiseau solaire sans cesse renaissant, symbole d’éternité. Avec l’expansion du christianisme, le globe s’orne d’une croix, symbolisant l’essence céleste du pouvoir sur le monde.
La transmission du modèle antique en Orient et en Occident (VIIIe -XVe siècle)
La sphère en terres d’Islam (VIIIe -XVIIe siècles)
Fabriqués à partir du IXe siècle, le globe céleste et l’astrolabe, représentation du ciel en deux dimensions furent parmi les instruments scientifiques les plus répandus dans le monde islamique, de l’Andalousie musulmane à l’Inde moghole. Grâce à l’intérêt des califes abbassides pour les sciences et la médiation de traducteurs syriaques, les savoirs antiques passèrent dès le VIIIe siècle du monde byzantin au monde arabo-musulman. Assimilés rapidement, ils furent perfectionnés par des savants de tous les pays d’Islam, utilisant la langue arabe comme nouveau véhicule du savoir. S’appuyant sur le catalogue d’étoiles de Claude Ptolémée mis à jour pour tenir compte de la précession des équinoxes, les globes célestes islamiques reproduisent généralement les modèles de constellations dessinées dans le Livre des constellations des étoiles fixes d’Abd al-Rahman al-Sufi rédigé vers 964. Ce traité constitue l’un des grands textes de l’astronomie arabe, dont l’influence s’étendit à l’Occident à partir du XIe siècle, tout comme d’autres textes scientifiques arabes traduits alors en latin. L’importance de l’astronomie dans la science islamique est corrélée à deux causes principales : l’observance des règles de l’islam (régulation du calendrier lunaire, heures des cinq prières, direction de la qibla) et la détermination des influences astrales. Les propriétés remarquables des globes et astrolabes permettant calculs et observations, jointes souvent à une grande finesse d’exécution, ont conféré un grand prestige à ces objets de sciences mais également d’apparat.
La sphère dans l’Occident médiéval (IXe-XVe siècles)
Suite à l’effondrement de l’Empire romain, la science antique fut en partie perdue en Europe occidentale du Ve,au Xe,siècle. Grâce aux traductions arabo-latines, l’Occident redécouvre de nombreux textes antiques (Aristote, Euclide, Ptolémée) et accède aux penseurs du monde islamique à partir du XIe siècle. Cet apport intellectuel amorce une véritable renaissance scientifique. De nouveaux traités comme le Liber floridus de Lambert de SaintOmer ou le Dragmaticon de Guillaume de Conches s’intéressent à la rotondité de la Terre. Cette renaissance scientifique donne lieu à de nouvelles synthèses adaptant les conceptions antiques aux dogmes chrétiens, comme en témoignent les premiers textes didactiques tel L’Image du monde de Gossuin de Metz. Le Démiurge est identifié au Dieu créateur, gouvernant l’ensemble de la « machine du monde », constituée selon le modèle antique de sphères emboîtées les unes dans les autres, et centrées sur une Terre ronde, immobile, formée des quatre éléments (terre, eau, air et feu). L’Enfer se trouve au centre, souvent figuré par un monstre dévorant les damnés ; à l’autre bout, le monde est clos non par la sphère des étoiles ou celle du « premier moteur » d’Aristote, mais par l’Empyrée, séjour du Créateur, des anges et des bienheureux. Au XVe siècle, la traduction latine de la Géographie de Ptolémée et les premiers voyages d’exploration portugais et espagnols donnent une nouvelle impulsion à l’hypothèse sphérique et conduisent à la réalisation des premiers globes terrestres.
Triomphe et diffusion du globe (XVIe -XVIIIe siècle)
Le triomphe du modèle sphérique (XVIe siècle)
À partir de la fin du XVe siècle, les grands voyages de découvertes et l’exploration des nouveaux mondes confirment la sphéricité de la Terre et en précisent la géographie. Les globes sont des outils à l’usage des navigateurs comme les témoins des découvertes géographiques de leur temps. Le globe terrestre de Martin Behaim (1492) reflète ainsi la vision du monde que pouvaient avoir les Européens avant les découvertes de Christophe Colomb.
Le globe terrestre dit « globe vert » attribué à Waldseemüller (1506) est quant à lui le premier à représenter le « Nouveau Monde ». Depuis le tour du monde de Fernand de Magellan entrepris il y a 500 ans (1519-1521), le globe n’est plus un objet de spéculation. De plus en plus de globes terrestres sont réalisés, sous forme manuscrite, gravée sur métal ou imprimée : ils restent toutefois des objets rares et particulièrement précieux. L’art du géographe, joint à celui de l’astronome, est à la base de la cosmographie, discipline reine au XVIe siècle. Les cosmographes s’intéressent à la place théorique de la Terre au sein du cosmos tout en intégrant les nouvelles observations du ciel et de la Terre. Enfin, si les voyages et les échanges permettent d’élargir les horizons et d’enrichir les représentations des Européens, ils leur permettent également d’exporter leur savoir et leur vision sphérique du monde vers les autres continents, en particulier l’Asie, de l’Empire ottoman au Japon.
La fabrique du globe (XVIIe siècle)
Cet espace de l’exposition présente de nombreuses paires de globes imprimées réalisées entre 1600 et 1700. La plupart proviennent d’Amsterdam et sont représentatives de l’âge d’or hollandais de la première moitié du XVIIe siècle avec les fabricants Hondius, Blaeu ou Van Langren. Le procédé de fabrication des globes à partir de fuseaux imprimés sur papier a été inventé au XVIe siècle, en même temps que s’imposait la production des globes par paire de même dimension, l’un terrestre et l’autre céleste. Déclinés en gamme de tailles et de prix variés, les globes commencent à se diffuser largement en Europe, parallèlement aux volumineux atlas que vendent ces cartographes et commerçants successeurs d’Abraham Ortelius et de Gérard Mercator. Fréquemment représentés dans la peinture de genre hollandaise, ils servent tant à l’enseignement qu’à la navigation, à l’ornementation des intérieurs et à la mise en scène de l’intérêt de leurs possesseurs pour le monde et la science.
Pouvoir, savoir et vanité : la polysémie du globe en Occident
Les globes et sphères armillaires connaissent un véritable âge d’or en Occident à la Renaissance. Produits en grand nombre, largement diffusés dans la société, ce sont désormais des objets familiers. Le globe devient ainsi une figure récurrente dans les arts. Son image porteuse d’une riche symbolique envahit les livres, les estampes, les médailles, la peinture et la sculpture. Dans la continuité de l’Antiquité et du Moyen Âge, l’orbe reste un symbole du pouvoir souverain des empereurs, son usage s’étend à de nombreux monarques, en Espagne, Angleterre ou en France. François Ier chevauchant un globe terrestre ou Louis XIV illuminant une sphère terrestre de ses rayons sont autant de représentations symboliques. Modèles du ciel, de la Terre ou du cosmos tout entier, les sphères deviennent aussi emblématiques de la connaissance et sont associées aux hommes, aux lieux et aux œuvres qui célèbrent ou protègent les arts et les sciences. Mais la sphère peut aussi représenter le caractère imparfait et éphémère des phénomènes terrestres : elle en vient ainsi à incarner la vanité des activités humaines et des possessions d’ici-bas.
Sphères en révolutions (XVIe – XXIe siècles)
À la suite de Nicolas Copernic, dans un va-et-vient entre théorie et observation, les savants des XVIIe et XVIIIe siècles remettent en question la cosmologie classique. La forme et la mesure de la Terre se précisent en même temps que sa géographie. Les lunettes et les télescopes apportent sans cesse des données astronomiques nouvelles. L’héliocentrisme de Copernic, c’est-à-dire l’hypothèse de la rotation de la Terre autour du Soleil, est formulé dès le XVIe siècle, mais ce sont les lois de Johannes Kepler et d’Isaac Newton qui apportent les plus grands bouleversements. La gravitation universelle, la découverte de nouvelles planètes et satellites, les étoiles désormais innombrables, l’hypothèse de mondes pluriels en mouvement, vont à l’encontre des dogmes établis. Le monde en sphères vacille sur ses fondements théoriques, mais la production de globes continue de se développer car la représentation sphérique du ciel et de la terre, de plus en plus précise, conserve une utilité didactique autant que symbolique.
Du globe savant au globe de salon (XVIIIe siècle)
Dans l’Europe des Lumières, « l’honnête homme », cultivé et mondain, se doit de montrer de l’intérêt pour le progrès des sciences géographiques et astronomiques. En France tout particulièrement, se développe et se répand une production variée, des petits globes et sphères relativement modestes comme ceux de Baradelle, aux versions de luxe montées sur bois précieux, voire dotés de piétements au goût de l’acquéreur. Depuis Delisle et Bion au début du XVIIIe siècle, les auteurs se prévalent de la plus grande exactitude et de données validées par l’Académie des Sciences de Paris. Leurs réalisations, souvent dédiées à de riches mécènes comme les globes de Nollet, parfois élaborées sur commande royale comme ceux de Robert de Vaugondy, sont associées à l’image des princes éclairés autant qu’à celle des salons littéraires et bourgeois. En marge de la prolifération des globes imprimés, quelques réalisations uniques et colossales sont l’apanage des rois, des globes peints de Coronelli (1683) dédiés à Louis XIV, au globe de Mentelle commandé par Louis XVI (1788) pour l’instruction du dauphin de France.
Métamorphoses des sphères (XIXe – XXe siècles)
Au XIXe siècle, les globes se métamorphosent. Le contenu cartographique évolue : le globe terrestre se thématise, permet parfois des lectures croisées des phénomènes politiques, économiques, géologiques. Les matériaux et les techniques changent : l’impression lithographique polychrome permet la fabrication de globes à moindre coût et facilite la diffusion de ces objets désormais accessibles à tous, qui prennent une place de choix dans les écoles, de même que les planétaires qui remplacent les sphères armillaires. Les formes évoluent, des globes en relief, gonflables, en puzzle, jusqu’aux titanesques géoramas que l’on visite de l’intérieur comme une salle de spectacle pédagogique et divertissant. Dans l’imagerie populaire, le globe en vient à incarner les ambitions stratégiques et économiques à portée universelle. Dans le même temps, avec le développement de l’astronomie populaire et du roman d’anticipation, l’homme se prend à rêver de conquérir l’espace et d’observer un jour un lever de Terre depuis le sol lunaire.
Visions d’un monde sous pression
Longtemps, la Terre imaginée et représentée depuis l’espace et en particulier depuis la Lune, a fait rêver scientifiques et artistes (Jules Verne,Georges Méliès), jusqu’à la vision désormais familière, mais à l’époque saisissante, du lever de Terre photographié par William Anders depuis le vaisseau Apollo 8 en orbite lunaire (1968). Depuis les années 1950, l’image de la Terre bleue photographiée depuis l’espace est devenue à la fois banale et éminemment symbolique de la beauté et de la fragilité du monde. Dans l’Univers infini, les étoiles ne peuvent plus être dénombrées ; l’espace-temps évolue entre principes d’attraction et d’expansion, et la forme étirée et abstraite du cosmos devient presque impossible à représenter. À cette échelle, la Terre semble minuscule, dérisoire et précaire, perdue aux confins de l’univers, bien loin du centre d’un univers immuable imaginé par les anciens. Cette nouvelle perception de la Terre inspire aux artistes détournements de formes et réinterprétations militantes, sur fond d’enjeux géopolitiques et écologiques majeurs pour la survie de l’humanité (Yves Klein, Alain Jacquet, Thomas Hirschhorn, Mona Hatoum, Batoul S’Himi).
En savoir plus:
Le Monde en sphères
jusqu’au 21 juillet 2019
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BnF I François-Mitterrand
Quai François Mauriac, Paris XIIIe