Guirand de Scevola (1871-1950), Paysage de la vallée du Rhône, Palais des Papes, Avignon

Lucien Victor Guirand de Scévola (1871-1950)
Paysage de la vallée du Rhône, le fort Saint-André et le Palais des Papes, autour de 1925-1930
Huile sur toile contrecollée sur panneau
15,6 x 21,6 cm
Trace de signature en haut à gauche Guirand de Scévola (difficile à photographier)

Très bon état
Encadré avec soin, sous verre
Dimensions avec cadre : 30 x 36 cm

Depuis le point de vue que lui offrait le Château de Montsauve, à Sauveterre dans le Gard, propriété de son épouse la comédienne Marie-Thérèse Piérat (1883 – 1934), Guirand de Scévola a peint ce charmant paysage de la vallée du Rhône, montrant au loin le Fort Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon ainsi que le Palais des Papes. Un petit format d'une modernité précise et sensible qui révèle un aspect peu connu de l'art de Guirand.

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Lucien Victor Guirand de Scévola (1871-1950) est un peintre, dessinateur et illustrateur originaire de la ville de Sète. Formé à l’École des Beaux-Arts de Paris à la fin des années 1880 dans l'atelier novateur de Fernand Cormon, il évolue ensuite aux côtés d'artistes tels que Jean-Louis Forain, Charles Léandre et Bernard Boutet de Monvel. Inspiré à la fois par l'esprit fin-de-siècle et par les maîtres classiques, il charme aussi par les ambiances qu'il réussit à créer dans la plupart de ses œuvres. Il y a une atmosphère puissante et trouble dans ses œuvres symbolistes, un silence élégant autour de chaque portrait peint, et un sentiment de la nature précis dans ses paysages.

Un échange récent avec l'expert de l'artiste, M. Rik Wassenaar, nous permet de confirmer que les paysages de Guirand de Scévola, en tant que compositions isolées, sont rares dans sa production. Ils apparaissent parfois dans le fond d'une composition symboliste, ou à travers les fenêtres ouvertes des scènes teintées d'érotisme que l'artiste a aimé peindre au cours de la première moitié du XXème siècle. Nous connaissons également des représentations des jardins de Versailles et certains paysages du Sud de la France, notamment Saint-Rémy-de-Provence et Sète.

Ce paysage irradié de lumière est un petit format d'une modernité à la fois sensible et audacieuse, ce qui le rend exceptionnel. Le style, l'épure et l'harmonie d'ensemble nous évoquent une manière que l'on peut dater certainement des années 1920 ou début 1930. On ressent que Guirand de Scévola a vu et questionné la modernité en peinture, les paysages fauves et cubistes, ainsi que le retour à la tradition porté par des artistes comme Albert Marquet, Jean Puy ou encore Charles Lacoste et Willem Van Hasselt. Les paysages de Van Hasselt, ami de Guirand, sont composés dans un style proche, avec une large place donnée au ciel, des architectures simplifiées au possible et des aplats de couleurs lumineuses pour peindre la nature.

Cette manière elliptique d'évoquer un paysage fait également écho, d'une certaine manière, à l'expérience de Guirand de Scévola en tant que grand artisan du camouflage de navires militaires, lors de la Première Guerre Mondiale.

Au fil du pinceau de l'artiste, le spectateur parcourt cette perspective bleu lavande, ces chemins de terre battue qui deviennent certainement des rues pavées. Les couleurs sont réduites à une abstraction très sensible, comme si leur perception était modifiée par les ondulations qu'impose au regard la chaleur du sol, au cœur de la saison la plus lumineuse.

Ce tableau mérite d'être vu. L'harmonie qui s'en dégage est un plaisir sans cesse renouvelé.