Facilement reconnaissables, elles se composent de plaquettes d'os rectangulaires et convexes enchâssées côte à côté dans un cadre de marqueterie alla Certosina. Ce procédé italien consiste à creuser un panneau en bois massif afin d'y insérer de multiples éléments miniatures rapportés en os et en bois de différentes essences, parfois peints. Ces éléments sont assemblés puis collés sur le panneau de bois en de savantes compositions ornementales géométriques, consacrée en Italie par la Bottega de Baldassare Umbriachi.
Dans le but d'alimenter un marché très large, la botegga fait le choix de matériaux peu coûteux et disponibles localement (le peuplier, l'os), prenant le contre pied des célèbres ateliers parisiens d'ivoirerie d'où sortent à l'époque des œuvres de mêmes typologies (retables, coffrets, miroirs). Afin de produire ces objets en grande quantité et rapidement, l'atelier Embriachi préfabrique et standardise les pièces selon un procédé sériel. Certaines scènes très appréciées étaient ainsi répétées et réutilisées, assemblées à la demande du commanditaire dans leur armature de bois.
Notre plaquette d'os fragmentaire met en scène deux personnages nus dont l'un semble dissimuler honteusement sa nudité. Il pourrait s'agir d'Adam et Eve chassés du Paradis, une scène très peu représentée dans la production Embriachi mais qui aurait pu parfaitement trouver sa place dans d'importants ensembles comme le célèbre Retable de l'Ancien Testament Embriachi du Musée des Arts Décoratifs de Paris.