La fluidité atmosphérique apportée par les modulations de lavis bruns et de rehauts de blanc sur la composition préparatoire de Raphaël (Ill.3) permet de mettre d’autant plus en relief la qualité sculpturale de notre dessin. Il constitue une étude préparatoire à la gravure (Ill.1) pour la tête de profil du jeune Tobie d’après le tableau de Raphaël (Ill. 2). Ami, compagnon de route, protecteur et guide, l’ange Raphaël accompagne Tobie tout au long de son chemin spirituel à la quête du remède contre la cécité de son père dont le poisson christique en est la clé ; celle de la guérison des âmes ravivant le cœur divin présent en chaque homme.
L’œuvre originale fut commandée au prince des peintres par le napolitain Giambattista del Doce afin d’orner sa chapelle privée consacrée à Sainte Rosalie en l’Église San Domenico Maggiore, à Naples. C’est au XVIIème siècle que La Vierge au Poisson raphaélesque entama sa navigation vers l’Espagne suite à son acquisition par le vice-roi de Philipe IV. Trônante, la Vierge y tient le Christ enfant sur ses genoux. A sa gauche, saint Jérôme revêtu de la robe cardinale lit la Vulgate, qu’il a lui-même traduite. L’Archange Raphaël, doublement représenté, symboliquement sous la forme du lion et humainement incarné auprès du jeune Tobie, lui guide tendrement la main gauche vers l’enfant Jésus, tandis qu’à sa main droite balance au bout d’un mince lacet bleu le poisson salvateur.