Notre dessin, copie de la Vierge à l’Enfant du Pérugin (Ill.1) restitue au plus près l’élégance du modello féminin aux traits botticelliens, le raffinement d’exécution et la douce mélancolie atmosphérique qui se dégage de l’œuvre peinte par Le Pérugin. Portant les fidèles à la dévotion dont émane, selon les bons mots de l’historien de l’art allemand Ernst Gombrich, une sérénité et une harmonie supraterrestre, le trait raffiné de Dubouchet su séduire en son temps Adolphe Thiers, qui légua à sa suite plusieurs dessins aquarellés de l’artiste au musée du Louvre. Actif à Lyon de 1855 à 1880, ainsi qu’à Paris dans les années 1870, Henri-Joseph Dubouchet fut élève du peintre historiciste Jean-Georges Vibert à l’école des Beaux-Arts de Lyon avant d’obtenir, en 1860, à l’âge de vingt-sept ans, le prix de Rome de gravure. Alors qu’une classe nouvellement bourgeoise désire se familiariser, jouir et s’entourer d’art au quotidien et avant l’avènement de la photographie dans les années 1900, Dubouchet a su tirer parti de son séjour à Rome afin de répondre à ce besoin en reproduisant à la main les plus grands chefs d’œuvres italiens dont il se fait une spécialité.
De 1866 à 1908 il présente à de nombreux salons parisiens ses gravures au burin, dessins et aquarelles dites d’interprétation des grands maîtres de la Renaissance, qui connaissent alors un succès fou. C’est dans cette mouvance que le premier président de la IIIe République Adolphe Thiers décide de se constituer une collection d’interprétation « images réduites de tout ce qu’il y a de plus beau dans le monde ». Enfant de la cité phocéenne, Adolphe Thiers forme son goût au travers des collections avignonnaises, aixoises, marseillaises et italiennes. S’inscrivant dans la tradition mécénale colbertienne, Thiers fait appel aux meilleurs pensionnaires de l’Académie de France à Rome afin de copier les maîtres anciens, en particulier ceux de l’école florentine des XVe et XVIe siècle.)