D’une extrême finesse et d’une immense délicatesse, le minutieux trait drapant cette figure d’ange en prière adopte le langage symbolique d’une foi profonde dû à la main d’un artiste appartenant au courant Nazaréen, naissant en Europe dans les années 1800. Mûs par un retour aux sources artistiques primitives italiennes, ces peintres s’emploient à épurer une iconographie religieuse encore teintée de figures néo-classiques dénudées et de mutins angelots profanes. Y sont substitués, à l’instar de notre ange, « de chastes adolescents aux grandes ailes découpées la plupart du temps revêtus d’ornements liturgiques offrant nos vœux et priant pour nous, remplissant à notre égard une sorte de ministère sacerdotal » selon les beaux mots de l’Abbé Van Drival publiés en 1866 dans un article intitulé L’Iconographie des anges, et et parru dans le Tome X (p. 442) de La Revue de l’art chrétien.
Notre ange fait référence aux caractéristiques stylistiques des figures angéliques d’un Fra Angelico (1395-1455) avec ses fresques du Couvent San Marco à Florence ou d’un Buonamico Buffalmacco (1262-1304) au Campo Santo de Pise. Notre dessin, d’une tournure dix-neuvièmiste, fut sans doute réalisé par un artiste proche de l’entourage d’Émile Signol (1804-1892), en particulier les drapés des anges du Réveil du juste ; réveil du méchant (1835), huile sur toile, conservé Musée des Beaux-Arts d’Angers, d’Amaury-Duval (1808-1885) pour les chœurs angéliques entourant le Couronnement de la Vierge (1846) à Saint-Germain l’Auxerrois ainsi que sa Vierge en Gloire (1856) de la chapelle éponyme à Saint-Germain en Laye, ou de Louis-Marie Charles de Bodin, dit comte de Galembert (1813-1897).