Au sens plus large, c’était une épée courte que l’on pouvait avoir à sa disposition à tout moment.
La particularité de cette épée est d’avoir une solide lame de rapière et une garde en fer épais, avec des « pas d’âne » fonctionnels. Il s’agit donc d’une vraie arme et non d’une épée de cour comme celles qui vont apparaître au cours du XVIIIème siècle.
LAME : C’est une solide lame de rapière, de section losangique. Sur chaque face, une gouttière centrale sur les premiers 16.5 cm près de la garde.
Sur une face on peut lire dans la gouttière « ………… M A R I A ……….. » qui se réfère évidemment à la Vierge Marie
Et sur l’autre, on trouve « …… I N R I I………… » pour « Iesus Nazarenus Rex Judaeorum » le doublage de la lettre “I” (= « J ») était parfois utilisé anciennement pour souligner el pluriel, bien que grammaticalement cet usage soit incorrect
Il s’agit donc d’une inscription religieuse qui place le propriétaire de l’épée sous la protection de Jésus et de la Vierge Marie, et qui donc signe clairement l’attachement de cet homme à la foi catholique, à une période où les troubles liés aux guerres de religion étaient encore présents dans les mémoires.
L’extrémité de la lame présente des marques d’oxydation.
Longueur de la lame = 79.5 cm Largeur près de la garde = 2 cm, épaisseur près de la garde= 0.7 cm
Point d’équilibre à 9 cm du plateau de garde
GARDE : Elle est constituée de 2 plateaux, qui sont fixés au centre de solides parties ovales qui servent à bloquer la pointe de la lame d'un adversaire.Ceci est comparable la technique retrouvée sur les montures des épées Wallonnes. Décor de pétales de fleurs.
La croix de la garde est à quillons inversés, qui sont incurvés par rapport à l’axe transversal de la lame. Cette orientation semble être voulue d'origine puisqu'aucun jeu n'existe entre la garde et la lame.
Les pas d’âne sont tout à fait fonctionnels, ce qui signe une fabrication précoce.
POMMEAU : il est de forme globulaire aplatie, très douce, qui correspond bien à une prise en main avec appui sur l’arrière de la paume. Manifestement cette épée a été pensée comme « fonctionnelle »
FUSEE : Elle est en bois, recouverte d’un double filigrane de fer en chevrons.
Les viroles en couronnes tressées sont présentes et en parfait état.
En résumé, cette épée dégage une impression d’efficacité, en privilégiant la solidité aux fioritures. Ce qui fait penser à une commande par un noble qui avait probablement connu les rigueurs des champs de bataille.
Elle devrait trouver une place de choix, sinon à un chevet, du moins sur un bureau ou dans une bibliothèque.
Ref D22-56