Le travail de l’artiste russe Mikhaïl Vroubel (Omsk 1856 – Saint-Pétersbourg 1910) exerce une énorme influence sur celui, contemporain, de Mher Chatinyan. Malgré la tonalité joyeuse émanant de l’œuvre du peintre arménien,c’est en Vroubel qu’il trouve une sagesse et une force incommensurable, doublée d’une haute profondeur artistique. Ses œuvres extatiques, imprégnées d’un puissant esprit mystique, transmettent toutes les tonalités du sentiment humain. Cette caractéristique se retrouve indirectement dans toutes ses œuvres, dans lesquelles la couleur cache la vie intérieure du modèle, du paysage ou de la nature. Pour le peintre arménien, l’art véritable est à la fois ancré dans son siècle et dans l’éternité. Parce qu’il manifeste le véritable esprit de son époque et incarne en même temps des vérités éternelles – il ne perd jamais de sa pertinence.
Au sein d’un paysage automnal aux tonalités miellées dont les feuilles dorées virevoltent et tombent autour de trois bouleaux aux troncs cendrés, se détache, au premier plan de l’oeuvre, une figure sombre et solitaire. S’avance-t-elle vers nous ou chemine-t-elle vers l’église slave à la porte bleue figurée au centre du tableau ? Couronnée par trois bulbes incarnats, l’édifice architectural s’élève dans des Cieux dont la froide pâleur floconnée semble déjà préfigurer l’arrivée de l’hiver enneigé.