Verre multicouche soufflé-moulé
Fond martelé
Décor en réserve gravé à l’acide et repris à la roue
Parfait état
Signé sur le pied "Daum Nancy" à la Croix de Lorraine
France
circa 1905-1910
haut. 27 cm
Biographie :
La Compagnie française du cristal Daum est une cristallerie fondée par les frères Daum en 1878 à Nancy, en Lorraine. Les ateliers des frères Daum, Auguste (1853-1909) et Antonin (1864-1930), ont formé quelques-uns des grands noms de l’Art nouveau tels Jacques Grüber, Henri Bergé, Almaric Walter ou les frères Schneider.
À la suite de la guerre de 1870, Jean Daum (1825-1885), notaire à Bitche, vend son étude et opte pour la France. Il s’installe à Nancy en 1876 et prête, la même année, de l’argent à plusieurs reprises à Avril et Bertrand, propriétaire de la verrerie Sainte-Catherine de Nancy, une manufacture qui produit du flaconnage et de la gobeleterie ordinaire. L’entreprise ne trouve pas son équilibre financier et Daum est contraint de la racheter en 1878 et devient chef d’une entreprise de 150 ouvriers, dans un domaine dont il ignore tout. En 1878, Jean y associe son fils Auguste, mais, il ne connaît pas les premiers succès de l’entreprise. À sa mort, en 1885, Auguste prend seul la direction de la verrerie avant d’être rejoint, en 1887, par son frère Antonin, tout juste diplômé de l’École centrale des arts et manufactures de Paris. Devant la mauvaise santé financière de la verrerie, Auguste, qui suivait une formation de juriste, se voit obligé d’en prendre la tête. Antonin commence par embellir les services de table courants. Familiarisé avec les techniques du verre de par sa formation, il oriente la production vers la création artistique. Les deux frères préparent, entre 1889 et 1891, la mise sur pied d’un département artistique qui est confié à Antonin. Auguste lui donne tous les moyens de travailler pour suivre le sillon creusé par Émile Gallé dans la verrerie Art nouveau.
Antonin commence avec quelques modèles simples pour continuer rapidement avec la gravure à l’acide, puis passe à des modèles utilisant les techniques de gravure à la roue, de verres à deux ou trois couches. De 1890 à 1914, il ne crée pas moins de trois mille références.
Jacques Grüber est le premier artiste de la verrerie. Recruté en 1893, on lui confie la création de pièces en vue de figurer à l’Exposition Universelle de Chicago de 1893. Ce fut le premier grand succès qui propulsa Daum dans le cercle fermé des industries d’art. Les Daum y gagnent la participation à l’exposition de Nancy en 1894. Il y eut ensuite les expositions de Lyon (1894), Bordeaux (1895) et Bruxelles (1895 et 1897), au cours desquelles ils reçoivent des distinctions.
Une école de dessin est créée, en 1897, à l’intérieur de l’entreprise qui forme ainsi ses propres décorateurs et graveurs. Henri Bergé y est maître décorateur, c’est le deuxième artiste de l’entreprise. Il aura à ses côtés Émile Writz à partir de 1898.
La consécration de l’aventure arrive lorsque le premier grand prix pour la verrerie d’art de l’Exposition Universelle de 1900 est décerné à Daum et à Gallé. Daum y présente des pièces préparées avec soin : des vases avec un décor intercalaire (brevet de 1899) et des luminaires qui deviennent une spécialité.
En 1904, Almaric Walter y développe des pâtes de verre, il restera chez Daum jusqu’en 1915.
En 1901, les statuts de l’École de Nancy sont officiellement posés. Émile Gallé est l’homme à l’origine de ce regroupement et en devient président. Antonin est vice-président. Antonin est également une des personnalités de la chambre de commerce de Nancy. Il joue un rôle important en 1909 lors de l’exposition internationale de l’Est de la France qui marque la fin de l’École de Nancy. Auguste meurt en 1909, Antonin est actif jusqu’à sa mort en 1930, mais partage les responsabilités avec les fils d’Auguste : Jean, Henri et Paul. Jean meurt en 1916, Henri est gérant comme son père. Paul est diplômé de l’Institut de physique et chimie de Nancy, il prendra progressivement la place d’Antonin. Les Daum assurent après 1918, l’adaptation de l’entreprise aux nouvelles conditions de production, soucieux d’y maintenir qualité, techniques et orientations esthétiques plus qu’utilitaires.
L’entreprise continue de participer aux grandes expositions : Barcelone en 1923, Exposition internationale des Arts déco à Paris en 1925, Exposition coloniale à Paris en 1931.
Dans les années 1920, Paul oriente la production vers l’Art déco devant la perte d’intérêt du public pour l’Art nouveau. La demande est importante et l’entreprise prospère. Elle ouvre une deuxième cristallerie Belle-Étoile à Croismare, en 1925, dont Paul est le directeur. Elle fournit de la verrerie blanche, des boules, de la fantaisie signée Lorrain. Pierre Davesn crée des modèles à partir de 1928. La crise économique des années 1930 touche Belle-Étoile qui est fermée en 1934. Quelques grosses commandes permettent à l’entreprise de poursuivre sa production : en 1935, la Compagnie transatlantique commande 90 000 pièces en verre et cristal pour le paquebot Normandie.
Après la Seconde Guerre mondiale, le cristal prend une place prépondérante, sous la direction d’Henri et de Michel Daum. L’aîné des petits-enfants d’Antonin, Antoine Froissart (1920-1971), ingénieur de l’École centrale Paris, met au point la fabrication d’un cristal particulièrement transparent et brillant. Ce nouveau cristal favorise la création de pièces aux formes épaisses et souples, et à l’aspect lumineux. Jacques, petit-fils d’Auguste, apporte un souffle nouveau en 1965 en faisant appel à des créateurs contemporains.