Sculptée dans un bloc de tuffeau, cette tête de guerrier de profil, tournée vers la gauche, apparaît comme relativement sereine et apaisée. Une attitude qui contraste avec sa bourguignotte extravagante, sanglée sous le menton et prolongée par une tête de dauphin, au caractère visiblement belliqueux. Un effet dynamique auxquels participent également les quelques mèches de cheveux qui s’échappent délicatement du casque et les plis du drapé du manteau, rattachés par deux agrafes. La simplicité et l’efficacité des moyens employés se retrouvent notamment dans la grande variation des reliefs mis en place par le sculpteur : des très légères entailles des ornements de son casque ou de sa tunique au très grand bossage de l’extrémité inférieur du buste, qui semble jaillir du médaillon qui lui sert de cadre.
Evocation directe des médailles et de la numismatique antique, le médaillon dit « à l’antique » reflète le regain d’intérêt de la Renaissance pour l’iconographie héritée de la Rome impériale. On retrouve ainsi ce type de portrait chez les grands artistes du temps (Léonard de Vinci, Michel-Ange). Transposé sur pierre en bas-relief, il gagne l’architecture ornementale d’abord en Italie, puis de là, l’art français dès la fin du XVe siècle par l’entremise des guerres menées par les rois de France dans la péninsule.
Détaché de son décor à une date inconnue, sa provenance d’un château du Thouarsais est néanmoins attestée. Au début du XVIe, la région située entre Touraine et Poitou connaît une belle prospérité sous le gouvernement de puissants seigneurs proches du roi de France et acteurs importants des guerres d’Italie, tel Louis II de la Trémoille seigneur de Thouars (1460-1525). Conseiller successif de Charles VIII, Louis XII et François Ier il accompagnera chacun des souverains dans leurs campagnes militaires en Italie ; et épousera même en secondes noces Luisa de Borgia, fille de César Borgia en 1517. Son fils Charles (1485-1515) sera tué à Marignan et son petit-fils François (1505-1541) fait prisonnier à Pavie avec François Ier. Sous leur influence le goût pour le décor all’antica se diffuse largement dans la région et ce type d’ornement fleurit sur les façades extérieures des châteaux des environs (Château de Bonnivet ,dans l’enfeu de la partie haute de la chapelle de Thouars, château d’Oiron par exemple). En effet, plusieurs artistes font partie de l’escorte de retour d’Italie de ces seigneurs de guerre. Cela est par exemple attesté pour Artus Ier Gouffier de Boissy (1475-1519) qui fit appel à des architectes florentins pour son château d’Oiron situé à une dizaine de kilomètres. Si dans le cas présent il n’est pas possible d’attribuer l’œuvre à un sculpteur précis, il n’en demeure pas moins que ce dernier démontre avec maestria les leçons qu’il a su tiré de l’art italien renaissant.
dimensions hauteur 78,5 cm largeur 64m epaisseur 16,5cm
provenance :important chateau du Thouarçais