Culture Emberá, Chocó, Nord-Ouest de la Colombie
Première moitié du XXème siècle
Bois
H. : 70,5 ; L. : 2 cm
Ce bâton en bois à patine rouge, sculpté sur la partie supérieure d’une figure anthropomorphe stylisée, se tenant debout, était un objet porteur d’une puissance particulière.
En effet, d’après l’anthropologue Erland Nordenskiöld, chargés d’esprits bienfaisants, ces bâtons « aident l’homme-médecine à chasser les démons ».
L’« homme-médecine » ainsi nommé renvoie au jaïbaná : le chaman chez les indiens Emberá.
Cet individu – qui pouvait être un homme ou une femme, endossait un rôle primordial dans la société : il était à la fois le piache, le guérisseur, mais aussi l’intermédiaire, le lien physique entre l’homme et la spiritualité, entre le monde visible et le monde invisible.
Lui seul avait accès aux jaï, les esprits.
La tradition voulait que le chaman en devenir, formé par un aîné, sculpte son premier bâton lui-même. Lorsqu’il avait atteint le statut de jaïbaná, il se voyait offrir un second bâton. Un chaman pouvait ainsi accumuler un grand nombre de bâtons tout au long de sa vie.
Trois faits introducteurs sont rapportés par l’historien Mircea Eliade pour qu’un homme devienne chaman.
Il fallait tout d’abord en avoir la vocation, c’est un appel, une inclination intime. Il était ensuite nécessaire que l’initié hérite d’un parent déjà chaman avant lui. Enfin, il devait être choisi par le clan. Une fois ces trois points réunis, le jaïbaná en devenir devait explorer un voyage initiatique où les langages secrets, la mythologie, l’extase, le rêve et l’onirisme lui étaient enseignés.
Texte et photos © FCP CORIDON
Ref.LP : FCP