Fond blanc crémeux avec réhauts de platine
Pots cylindriques composés d'un ensemble de godrons imitant 1 tronc d'arbre
Décor recouvert de platine de branches en relief et de baies traitées en ronde bosse posées toujours par 3
Prise en forme d'anneau
Fond blanc crémeux
Très bon état général
Légère usure de la platine et 2 baies manquantes
Pas de marque mais 1 chiffre en platine sous l'1 et 1 chiffre en creux sous l'autre
A l'intérieur de chaque pot 3 points posés en triangle équilatéral (présence maçonnique discrète)
Pièces provenant de la collection d'un amateur éclairé
h : 13 cm
d : 10 cm
Historique de la faïencerie :
En 1839, âgé de 22 ans, Charles de Boissimon s’établit à Langeais avec son cousin, ils fondent une société de produits céramiques et de briques réfractaires.
Présentées, en 1841, à l’Exposition « des produits de l’industrie et des arts de Tours », elles reçoivent une médaille d’argent, mais c’est avec la confection des poteries ornées qu’il va créer son style. Il participera à de nombreuses expositions internationales et remportera de nombreuses médailles.
En 1850, il devient seul propriétaire de la fabrique. Les matériaux utilisés à cette époque offrent déjà de grandes possibilités de couleurs obtenues à partir des oxydes métalliques comme le chrome, le cobalt, le cuivre, l’étain, le fer, le manganèse, le plomb, l’urane, le zinc… qui permettent d’obtenir des verts, des bleus, des gris, des jaunes, des nuances de rouge, des bruns et de l’ivoire.
Charles commence à offrir à la clientèle des vases, coupes et lampes décorées de grappes et pampres de vigne. Charles de Boissimon était aussi vigneron et aimerait s'inspirer de la nature proche. La production fut d’une très grande diversité : baies de lierre, groseilles, glands, cerises...
Entre 1850 et 1860 il va y avoir une véritable explosion des techniques. Brongniart a conseillé à Charles d’ajouter du kaolin à la terre de Langeais pour la rendre encore plus malléable. C. de Boissimon va pouvoir alors laisser libre cours à son imagination. On trouve des vases, des corbeilles tressées…
C’est en 1862 que Charles de Boissimon dépose un brevet « d’impression d’or et de platine sur matières vitrifiables ». Ce matériau est encore peu connu, il l’importe du Pérou et du Chili.
Voici que s’ouvre la période des Langeais à décor platine. Ce métal inaltérable et inoxydable donne aux faïences un éclat incomparable.
Charles de Boissimon meurt en 1879. Son fils, médecin, laisse la gestion de l’usine à Paul Arthur Busson de Langeais. On fait peu d’investissements dans l’usine. En 1889, il meurt à son tour. Sa veuve va tout mettre en œuvre pour sauver l’entreprise mais en vain.
L’entreprise sera vendue en 1909. Les nouveaux propriétaires essaient de faire revivre la fabrique et font à nouveau des faïences artistiques qu’ils destinent à des marchés étrangers.
La guerre de 1914 éclate. L’usine se consacre uniquement à la production des réfractaires. A la fin de la guerre les goûts ont changé, la production de faïences est définitivement abandonnée.
Les Langeais maçonniques :
Les Langeais aux décors maçonniques avec les symboles des grands bâtisseurs sont rares mais l’abondance des éléments de décor végétaux présentés par groupe de 3 révèle une forte appartenance. Les Langeais sont pour beaucoup triponctués, que ce soient des triades de baies de lierre, de glands ou autres. Il y a une réelle composition évocatrice des 3 points maçonniques.
Ces 3 points se retrouvent aussi très discrètement apposés dans le fond de toutes les corbeilles tressées ainsi que dans le fond des pots à tabacs. Ils se présentent très discrètement en 3 points sans couverte apposés en triangle équilatéral. Ceci est fait si subtilement que l’on pourrait croire à des traces de pernettes mais l’écart parfait entre les points laisse à penser que ceci était fait à l’aide d’un trépied prévu à cet effet.
De nombreuses pièces portent aussi l’étoile à 5 branches. L’appartenance de Charles de Boissimon aux Francs-maçons n’est pas révélée mais son œuvre est le reflet d’un homme de devoir et de progrès. Plusieurs ouvriers de la faïencerie faisaient partie de la Loge de Tours.
La faïence de Langeais est la plus discrète et subtile des céramiques maçonniques.
Le chiffre 3 :
Le trois était considéré chez toutes les nations païennes comme le principal des nombres mystiques, car selon Aristote, il contient en lui-même un début, un milieu et une fin.
Dans la religion Chrétienne le nombre 3 : Père, Fils et Saint-Esprit, était bien évidemment sacré. De ce fait, l'incorporation du chiffre trois dans les cérémonies du tailleur de pierre aurait été une expression de leur foi chrétienne
Dans la Franc-maçonnerie il y a 3 degrés : apprenti, compagnon et maître. Il y a 3 officiers principaux dans la Loge : Le Vénérable Maître, le Premier Surveillant et le Second Surveillant.
Il y a 3 bougies allumées disposées autour de l'autel qui se trouve au centre du temple maçonnique. Il y a 3 piliers moraux symboliques : force, sagesse et beauté.
Dans les anciens documents maçonniques, le point d'abréviation est remplacé par le "trépied", c'est-à-dire 3 points disposés dans un triangle équilatéral.
C’est exactement ceci que l’on retrouve à l’intérieur de nombreuses pièces en faïence de Langeais