Gravure XVIè De Delaune : La Création d'Adam

De la suite : " Histoire de la Genèse"
Etat I/II avant l'adresse

Bartsch : 25

Porte trois marques de collection
Lugt.1731 ( et L.1701 ) :"  L. LÉPINGLE († vers 1903), commerçant, Bruxelles. Estampes.
L. Lépingle, ancien quincaillier, possédait une collection d'estampes anciennes et modernes et qui fut achetée, peut-être en partie seulement, par le marchand d'estampes Bihn, de Paris.
L'amateur s'est servi, outre la marque reproduite, d'un cachet offrant ses initiales en caractères romains (Nous n’avons pas rencontré à ce jour la troisième marque, citée par Lugt en 1956, offrant les initiales du collectionneur en caractères romains), et d'un troisième donnant son nom en entier.
Le musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, conserve un ensemble de vingt-deux estampes d'Ignace Joseph Claussin d'après de Boissieu, onze d'entre elles portent conjointement les marques L.1731 et L.1701, et deux d'entre elles les marques L.1672b, L.1731 et L.4169 (archives de la Fondation Custodia, courrier daté du 24 octobre 2013).
Dans plusieurs catalogues de vente, la marque L.1731 a été signalée sur des estampes accompagnées d’une autre marque non identifiée, une initiale L, estampillée à l’encre de couleur bleu-vert ; celle-ci a tantôt été identifiée comme la L.1701 (par exemple vente 2009, 16 septembre, Londres, Christie’s, n° 86, Rembrandt, La Fuite en Egypte ou vente en ligne 2018, 28 novembre au 6 décembre, Christie's, n° 99, Rembrandt, La Cène), ou bien décrite sans mention du numéro Lugt (vente 2009, 8 avril, Londres, Christie’s, n° 49, Rembrandt, Autoportrait avec Saskia ; vente 2004 25 novembre, Haarlem, Bubb Kuyper, n° 3527, W. Panneels, Saint Sébastien). Cette marque L.1701 est probablement en rapport avec la collection de L. Lépingle.Tant d’estampes où les deux marques, L.1701 et L.1731, figurent conjointement nous laissent penser qu’elles peuvent être liées.
Notons que cette marque avait été signalée sur un dessin donné à Donato Creti (1671-1749) dans le catalogue de la Galerie Prouté en 1975, sans précision quant à sa couleur (cat. Prouté, Catalogue « Dandré-Bardon », Paris 1975, n° 8).
La marque L.1731 peut être apposée en bleu, bleu-vert et ou en rouge."

Lugt :4172 ( Il s’agit d’une variante de plus grande taille de la marque L.4171 ): "CHARLES-FRÉDÉRIC MEWÈS (Strasbourg 1858-1914), architecte, Londres. Dessins et estampes d’ornement et d’architecture.
Charles Mewès (parfois écrit Mewes), originaire d’une famille juive des pays baltes, est le fils d’un négociant, Frédéric Mewès, et de Julie Laure Schutzenberger. La famille a quitté en 1870 l’Alsace lors de l’occupation prussienne. Charles entre à l’âge de vingt ans dans le bureau de Jean-Louis Paul (1837-1920), célèbre architecte et enseignant aux Beaux-Arts de Paris. En 1885, il concourt pour le Prix de Rome et sera diplômé l’année suivante. En 1900, il s’associe avec l’architecte britannique Arthur Joseph Davis (1878-1951), son ancien condisciple à l’École des Beaux-Arts, et forme l’agence « Mewès et Davis ». Charles Mewès doit sa réputation d’architecte aux nombreux hôtels particuliers qu’il a réalisés, ainsi qu’aux hôtels – le Ritz à Paris, Londres et Madrid –, ou encore à la décoration intérieure des paquebots transatlantiques.
Comme bien de ses confrères, tels Joseph Michel Lesoufaché (sans marque), Hippolyte Destailleur (voir L.740, L.1303a et b) ou André-Denis Bérard (voir L.75), Charles Mewès a constitué une importante collection de modèles historiques d’ornement, de décoration et d’architecture. La plupart des dessins et estampes ont été réunis dans des recueils et rangés dans sa bibliothèque aux côtés des livres traitant des mêmes sujets. Il n’existe malheureusement pas d’inventaire de sa collection.  
Son fils Charles-Édouard Mewes (1889-1968), également architecte, a hérité de la collection paternelle qu’il a, semble-t-il, continuée sans changer les domaines d’intérêt définis par son père. C’est lui qui a commencé à vendre des dessins et des estampes en France et en Suisse : au printemps 1966, la Galerie L’Art Ancien de Zurich a offert à la vente une partie de la collection des gravures d’ornements du XVIe siècle. En avril 1970, ce fut le tour des gravures d’ornement du XVIIe siècle. Dans les préfaces des deux catalogues est fait mention d’une collection commencée plus de cent ans auparavant, résultat d’efforts de trois générations d’architectes, mais sans citer de nom. Or parmi les estampes d’ornement figurant dans le catalogue de la Galerie L’Art Ancien, celles achetées par le Rijksmuseum d’Amsterdam portent toutes le cachet de Mewès (Fuhring 2004, nos 1718, 1720, 1722, 12214, 12338-12345) : il s’agit sans l’ombre d’un doute de cette famille.
Faut-il en déduire que le grand-père de Charles-Édouard aurait été à l’origine de cette collection ? En l’absence d’une étude sur cette famille, il nous est impossible de déterminer plus précisément le début de cette importance collection. De plus, dans la littérature existe une confusion entre le père et le fils. Certaines séries d’estampes étaient montées dans d’élégants volumes, reliés en demi ou en plein maroquin, entièrement dans la tradition des collectionneurs de la seconde moitié du XIXe siècle.
Une autre partie de la collection Mewès, notamment les recueils d’estampes et les livres, dont beaucoup portaient un ex-libris du père ou du fils, a été présentée, sans mention de nom, dans un catalogue hors série par le libraire Léonce Laget à Paris en 1969. Ce catalogue permet de se faire une bonne idée de la richesse de cette collection où toutes les écoles sont présentes. Un certain nombre de volumes a été acquis par Mark J. Millard (1908-1985) dont la collection a rejoint en bloc celle de la National Gallery de Washington, et a par la suite fait l’objet de quatre volumes (1993-2000).
En 1983, après la fermeture de la Galerie L’Art Ancien, d’autres estampes de la collection Mewès ont été vendues au Département des Arts décoratifs du Musée J. Paul Getty et sont aujourd’hui conservées au Getty Research Institute ainsi que les enveloppes au nom de l’ancienne galerie (par exemple, B. Pavillon d’après J.-B. Toro, Aiguière au dragon, inv. 83.GI.277.146).
Il semble que la marque figure avant tout sur les estampes, parfois seulement sur le montage, et parfois aussi sur les livres de la collection Mewès. Il existe aussi une version agrandie du cachet, estampé en or comme supra ex-libris sur le premier plat d’un volume. L’identification des éléments de la collection repose entièrement sur le repérage de la marque et la présence d’un ex-libris dans les recueils et les livres. Les dessins ne portant pas de cachet, cette partie non négligeable de la collection échappe malheureusement largement à notre attention.
Formé des lettres du nom Mewès – le M et le W en chiffre et en grand, les autres lettres en petit –, le cachet existe en deux tailles différentes et est imprimé soit en bleu (L.4172), 22 x 18 mm (rare), soit en rouge (fréquent). L’un ou l’autre cachet ayant été vu avec l’ex-libris du père comme avec celui du fils, il n’est pour l’instant pas possible de les attribuer, comme cela a été suggéré, à Charles-Frédéric Mewès ou à Charles-Édouard."