Modelé avec liesse, franchise, ce buste de jeune femme frappe d'emblée par son caractère spontané, jubilatoire.
Chapeautée d'un de ces fantaisistes, rocambolesques couvre-chefs pavoisés de fols, tintants grelots dont aimaient à se parer le temps d'endiablées calvacades, les ravissantes mondaines ou élégantes du siècle dernier, cette effigie de jeune femme travestie en ingénue Colombine est doté d'une sensualité fraîche et joyeuse.
Représentée en buste, la tête de trois-quart roulée sur l'épaule en un mouvement vif , la jeune femme offre un visage rayonnant de mutine gaité que suggérent ses yeux à l'expression malicieuse, sa bouche entr'ouverte laissant s'épanouir un sourire radieux. Sa chevelure dense aux mèches courant désinvoltes sur son front, sa nuque, sa gorge opulente, son cou à la torsion énergique accentuent ce palpitant sentiment d'enjouement. Traités avec une grande liberté de facture, le mousseux froufoutement de la fraise, l'ondoyant plissé de la collerette, l'enveloppant chapeau aux rebords scandés de voletants grelots créent une sensation de virevoltement. Au coeur de cette composition tournoyante, l'artiste a judicieusement placé un des piquants attributs du costume de Colombine: Le Loup avec lequel la jeune femme semble lutiner. Avec espièglerie, cette soubrette des Temps Modernes nous rappelle combien sous ce badin attribut se tient embusqué l'Amour.
Notre buste de Colombine ou de Jeune Femme au Loup cristallise de fait l'esprit d'une époque -du Second Empire jusqu'au tournant des XIXe-XXe siècle-éperdue de légèreté, de nocturnes divertissements mondains et, tempo allant, de ces réjouissants Bals Masqués au sein desquels les invités revêtus de bigarrés ou soyeux habits de la Commedia dell'Arte ou du XVIIIe siècle s'accoquinaient l'ivresse du Jeu. Contemporain de ce Buste est le trés célèbre Bal Poudré donné le 26 mai 1891 par la Princesse de Léon qui réunit plus de quatre cents personnes, - dames en toilette du temps de Marie-Antoinette, Dames de cour, Bergères et Colombines.
D'une belle qualité de facture, cette oeuvre empreinte tout à la fois de sensibilité et d'une vitalité débordante est signée du sculpteur- statuaire Ernst Seger, artiste d'origine polonaise , éléve à l'Académie des Beaux-Arts de Breslau de Christian Behrens (1852-1905) qui, avant de s'installer en 1894 à Berlin, compléta sa formation artistique à Paris (1893) au sein de l'atelier d'Auguste Rodin (1840-1917). Par son parti formel comme par sa thématique, ce buste s'affile à un courant de la sculpture française aimant à traiter de sujets enjoués (La Rieuse, 1870 de Carpeaux, Masquerade, 1887 d'André Laoust,..).
A l'instar des enjoliveuse égéries de Jules Chéret (1836-1932), le buste de cette sémillante Colombine insufflera, à l'orée des fêtes de fin d'année, une note de gaîté enivrante à tout intérieur paré de chamarés cotillons.
Matériaux: bronze à patine brune et dorée.
Dimensions: : H.: 43 cm.