Cuir doré "Cuir de Cordoue" Vierge à l'Enfant, XVIII ème siècle

-Ce carreau de cuir doré repoussé représente une Vierge à l'Enfant dans un médaillon central apposé sur un fond de fleurs coupées.
La Vierge Marie, debout au milieu de nuages brunâtres, vêtue de sa robe rouge rehaussée d'un manteau bleu, porte de son bras gauche l'Enfant Jésus et tient le sceptre de sa main droite.

Ce médaillon est apposé sur un fond de fleurs ; on semble distinguer des roses, des lys, des oeillets d'Inde.-Travail français du début du XVIIIème siècle.-Parmi les orientations du concile de Trente, l'importance accordée à l'Eucharistie et à sa célébration à travers la messe eut une influence majeure sur l'aménagement des églises et l'évolution de leur mobilier. Point de mire de la nef puis des chapelles où ils se multiplièrent alors, l'autel et le retable firent l'objet de nombre d’attentions et d’embellissements.
L'autel devait être aussi somptueux que sa proximité avec le mystère de la transsubstantiation l'exigeait. Sur ce meuble parallélépipédique, la face visible par les fidèles fut sculptée ou habillée d'un revêtement plus ou moins précieux selon les moyens de la paroisse ou du donateur. Il pouvait s'agir de toile peinte, de tissu brodé ou broché, ou encore de cuir doré.

-Le cuir doré, c'est la matière de cet antependium. Seul l'ajout de la scène religieuse dans le médaillon permet d'identifier ce type d'objet comme panneau central d'un devant d'autel car l'essentiel de la production des cuirs peints et dorés servait à tapisser des pièces entières telles des tentures murales. Cet antependium se composait à l'origine de plusieurs panneaux assemblés par couture pour former un grand rectangle (trois à six carreaux étaient habituellement nécessaires pour obtenir la largeur voulue). Le carreau que nous observons était le l'élément central, le seul décoré d'une scène religieuse. Avant d'être différencié par la présence d'un médaillon, ce panneau de peau avait été comme les autres, tanné, encollé, totalement recouvert de feuilles d'argent puis d'un vernis jaune à base de résines végétales leur conférant l'apparence de l'or. 
Pour obtenir le relief, la technique mise en œuvre dans le cas présent est celle du repoussé. Chaque panneau était placé sur un moule en creux, côté doré contre le moule. Sous le poids de la presse, le cuir épousait les creux de la matrice. Le repoussé permettait de créer ainsi un relief prononcé, visible ici notamment au niveau des fleurs. La technique de ciselure, proche de la technique de l'estampage, permet d'enrichir les décors, elle a été appliquée pour le fond (motifs répétitifs géométriques).


-Parmi les œuvres se rapprochant, on peut citer l'antependium d'origine italien du musée de Chaumont représentant la Vierge et l’Enfant apparaissant à Saint Jean-Baptiste et à Saint Antoine de Padoue (Italie, 1697)https://saisonsculturelleschaumont.fr/evenement/tour-de-loeuvre/  
-Bibliographie : Jean-Pierre Fournet "Cuirs dorés, cuirs de Cordoue : Un art européen " 2019Raphaêl Carreau " Dévotion baroque : Trésors du musée de Chaumont, Amérique Latine, Espagne et Italie, XVIIème - XVIIIème siècle" 2010 

-Présenté en l'état, une déchirure est à signaler ( Cf photo).

Dimensions : 

largeur : 57 cm, hauteur : 58 cm

(avec cadre) largeur : 76 cm, hauteur : 78 cm 

 

 

 

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