Biographies :
La célèbre firme Elkington, créée à Birmingham en 1824 par George Richards Elkington (1800-1865), débute avec des montures en argent pour flacons à parfum. En 1829, leur commerce s’agrandit suffisamment pour pouvoir s’installer à Londres. A la fin des années 1830, Elkington commence ses expériences de dorure et d’argenture selon les principes de l’électro-métallurgie et dépose son brevet en 1840, dont les droits seront rachetés par l’orfèvre parisien Christofle. Si Elkington doit son ascension grâce à l’exploitation commerciale de ce nouveau procédé technique, il lui manque cependant des artistes pour se hisser parmi les plus importants orfèvres d’Angleterre. Il emploie alors deux des plus habiles dessinateurs français de renom, Albert Willms (1827-1899) puis Léonard Morel-Ladeuil (1820-1888). Grâce à leurs œuvres, ils aideront Elkington à hisser sa réputation au plus haut niveau au cours des célèbres expositions nationales et universelles.
Albert Willms fait son apprentissage comme modeleur et ciseleur à Paris chez Klagman, Dieterle et Constant, puis travaille en 1848 chez Morel & Co. à Londres. De retour à Paris il est employé chez les grands orfèvres parisiens comme Christofle et Froment-Meurice, pour qui il dessine des objets devant être présentés à l’Exposition Universelle de Paris en 1855. C’est à cette époque qu’il intègre en tant que chef des décorateurs la firme Elkington à Londres. Elkington figure bientôt parmi les premiers à faire « du genre chinois ou japonisant » avec des objets rafinés en émail champlevé qu’ils présentent avec succès à l’Exposition Universelle de Londres en 1862 (voir Masterpieces of Industrial Art & Sculpture at the International Exhibition 1862, J.B. Waring, London, 1863, III, pl.211). Cependant les émaux champlevés de Willms ne supportent pas la comparaison avec les délicats émaux cloisonnés exposés par le Japon à l’Exposition Universelle de Paris en 1867. C’est alors qu’Elkington adapte l’ancienne technique japonaise aux objets et aux goûts européens. Suite à l’Exposition de 1867, tous les artistes majeurs que compte l’Europe rivalisent d’ingéniosité pour l’Exposition Universelle de Vienne en 1873. A Londres, Albert Willms présente pour Elkington ses luxueux vases et coupes en cloisonné (voir Illustrations of Art Manufacturers in the Precious Metals exhibited by Elkington & Co., Inventors, Patentees and Manufactures of Electro Plate, 1873), tandis qu’à Paris, Fernand Thesmar (1843-1912) sort des ateliers de Ferdinand Barbedienne (1810-1892) un plateau « au faisan doré » en émail cloisonné sur cuivre, et Emile-Auguste Reiber (1826-1893) dessine pour la maison Christofle une importante pendule « japonaise » assortie de candélabres (Musée d’Orsay, Paris, Inv. OAO 1360-1361), aux émaux cloisonnés exécutés par Antoine Tard. Albert Willms se fait néanmoins de l’émail cloisonné sur métal doré une spécialité entre 1870 et 1876. A l’Exposition Universelle de Philadelphie en 1876, Elkington présente ses créations japonisantes, qui lui assurent un succès retentissant, avec un ensemble important de vases et plats en émail cloisonné (Reproduit dans « Contributions to the Centennial & International Exhibition at Philadelphia 1876 », London, 1876). Les critiques parlent alors de ses émaux « comme surpassant de loin les exemples chinois ou des Japonais modernes, voire approchant la beauté exquise des Japonais anciens ».