VISITE DE SEIGNEURS CHEZ DES PAYSANS
École anversoise de la fin du XVI ème siècle
Vers 1570
Huile sur panneau
71cm x 95 cm
Dans un très beau cadre en chêne avec liseré de dorure
85 cm x 109 cm
Ce sont les couleurs vives de cette peinture, pourpres intenses posées en premier plan en contraste avec les clairs obscurs, qui nous ramènent à cette grande époque de la Renaissance et du Maniérisme qui a couvert l’ensemble du XVI ème siècle. Vers 1503, Matthias Grünewald (1470-1528) donnait le ton avec ses peintures sur bois, dont la couleur se dissociait déjà des grandes surfaces au profit de multiples transitions chromatiques aux contours fluides. Quentin Metsys (1465-1530) reste sur ce registre, mettant en avant, tout comme notre tableau, la peinture flamande primitive. Tous les visages manifestent une certaine indifférence. Ces derniers sont travaillés comme des natures mortes. Toutefois, entrent dans le tableau tous les ustensiles de cuisine, finement dessinés, les objets qui jonchent le sol. .. Durant les quarante années qui suivent (de 1530 à1570), cette peinture, expression de la Renaissance va encore consolider ses formes et ses couleurs, mais également l’esprit de témoigner de la vie de tous les jours, surprenant les gens dans leur intimité ou leur quotidien. Pieter Bruegel l’Ancien, illustre parfaitement ce propos, intensifiant le trait humoristique de ses personnages, révélant dans ses tableaux tous les travers de l’âme humaine.
Dans notre tableau, les personnages occupent les premiers plans, tels des statues autour desquelles le peintre a voulu nous faire participer au ressenti de chacun des membres de cette famille, quand les seigneurs font leur entrée dans la cuisine de ces paysans. Tout semble alors figé comme dans un cliché photographique. Le seigneur, sa femme, emblèmes de l’autorité suprême, font irruption dans leur modeste foyer. A droite, au premier plan le seigneur, portant dague et épée témoigne de l’affection pour son hôte. Sa femme, collerette portée vers 1570 se tient à ses côtés, légèrement en arrière, tenant son jeune fils en retrait, comme pour l’exclure de la scène, ou le protéger d’un monde qui n’est pas le sien. Quelle attitude adopter, que dire, que faire pour les accueillir, pour être à la hauteur, pour ne pas paraître trop misérable? La paysanne tient son dernier né dans ses bras, son mari coupe le pain ou le gâteau, presque sous la table, le plus jeune enfant s’empresse de saisir un tabouret pour ces hôtes entrants. Un homme âgé, au fond de la pièce devant le grand buffet brandit un pichet pour aller le remplir de vin. Un autre homme, plus jeune, tient sa faux, penchée vers l’arrière, comme au garde à vous, sans broncher…
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