Marcel Bach (1879-1950) Autoportrait en captivité au Limburg 1917 Bordeaux Guerre

Marcel BACH
(Bordeaux 1879 – Bordeaux 1950) 
Autoportrait en captivité
Huile sur panneau
H. 29 cm ; L. 25 cm
Signée, située et datée en bas à droite – Limburg 1917
Cadre sculpté par l’artiste

Peintre du sud-ouest, Marcel Bach réalise dans sa jeunesse artistique des œuvres inscrites dans la tradition de l’école de Barbizon. Sa formation s’effectue à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux puis à Paris auprès de Fernand Cormon. Petit à petit son style évolue vers un tracé plus instinctif, plus vif, optant pour un contour des formes à la manière du cloisonnisme. Cette évolution se fait ressentir vers 1905 au sein de ses paysages et de ses natures mortes qui obtiennent ainsi plus de matière. Dès 1906, la Galerie Bernheim expose certaines de ses œuvres.


Lors de la Grande Guerre, il part au front et en rapporte de nombreuses œuvres émouvantes et chargées. Il sera notamment fait prisonnier à partir de septembre 1916. Plusieurs de ses œuvres sont visibles au Musée de la Guerre de Versailles.


Son travail est exposé au Salon des Indépendants de 1908 à 1932, tout comme au Salon d’Automne ou des Tuileries. Influencé par l’art de Cézanne dont il croise régulièrement les œuvres chez Ambroise Vollard ou au Louvre, ses compositions tendent vers un cloisonnement en dégradés de couleurs. Dans les années 1930 il est de retour à Bordeaux et dirige l’atelier des décors du Grand Théâtre. Il est évidemment sociétaire des Artistes Indépendants Bordelais et expose régulièrement.


Propriétaire d’une maison à Marcilhac sur Célé dans le Lot, de nombreux paysages chaleureux de ce département composent sont corpus. A la fin des années 1940, l’artiste prend un virage radical dans son art et pousse ses œuvres vers l’abstraction. Une abstraction digne d’intérêt, aux tons pastels où il conserve sa touche. Une part de l’œuvre à redécouvrir.


Marcel Bach se représente dans cet autoportrait avec son uniforme et son pince-nez bien en place. La pose paraît détendue puisqu’il est assis et situé devant un paysage vert. Évidemment l’image est certainement trompeuse puisqu’il se peint en captivité au cours de l’année 1917.


Son livret militaire nous indique une incorporation en août 1914, un changement de régiment pour le 344^e d’infanterie en janvier 1915 l’envoie à Amiens où il sera fait prisonnier le 3 septembre 1916. Le ministère de la Guerre nous indique un internement à Wahn au début de l’année 1917. Cependant le cadre réalisé par l’artiste et sa signature nous montrent qu’il a été transféré dans le camp de Limburg situé à une centaine de kilomètres, entre Cologne et Francfort. Il sera rapatrié en France après l’armistice, en décembre 1918. C’est donc au sein de ce dernier camp de prisonniers de guerre qu’il peut réaliser ce touchant autoportrait.

Non seulement peintre, Marcel Bach s’adonnait aussi à la sculpture lors de sa captivité. Ici le cadre totalement inspiré de l’Art Nouveau encore en vogue, est un mélange de végétaux. La partie basse situe à nouveau le lieu de réalisation et la période, entourée de roseaux. Le haut fronton nous montre un hibou, encadré de branches fleuries d’un rosier.