Jeune femme pensive, circa 1920-30
Plume et encre, crayon de couleur rose sur papier
Porte le cachet de la succession Karl Hubbuch en haut à gauche
37,5 x 36,5 cm
Vendu non encadré, dans un passe-partout
Artiste allemand figure de la Nouvelle Objectivité, Karl Hubbuch naît à Karlsruhe en 1891. Il suit une première formation artistique à l’Académie des beaux-arts dès 1908 où il se lie d’amitié avec Georg Scholz et Rudolf Schlichter. Il s’installe à Berlin en 1912 et intègre l’Institut des arts appliqués (Kunstgewerbeschulen) dans l’atelier d’Emil Orlik (1870-1932) aux côtés de son camarade George Grosz. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il demeure quelque temps en convalescence avant de se voir proposer un poste d’assistant lithographe à l’Académie des beaux-arts de sa ville natale. Très investi, il est nommé professeur de dessin puis directeur de la classe de peinture en 1928. Rangé parmi les “dégénérés”, il est démis de ses fonctions en 1933 par le régime nazi avant d’enseigner à nouveau après la Seconde Guerre mondiale.
Dans les années 1920, le jeune artiste fréquente des groupes d’artistes liés à la gauche révolutionnaire politiquement engagés contre la République de Weimar tels que le Novembergruppe ou le Rote Gruppe. En 1925, il participe à l’exposition historique Neue sachlichkeit (Nouvelle objectivité) organisée à la Kunsthalle de Mannheim par Gustav Friedrich Hartlaub. Ce dernier réunit un groupe hétérogène d’une trentaine d’artistes parmi lesquels Otto Dix et Max Beckmann.
Les dessins des artistes de la Nouvelle Objectivité, dont l’esthétique repose en partie sur la puissance du trait, semblent concentrer l’essence-même de leur art. Dessinateur et graveur prolifique, Karl Hubbuch réalise une œuvre satirique teintée de critique sociale et politique dans un style réaliste révélant un sens précis du détail et des physionomies. Il se concentre sur des thèmes récurrents empruntés à la réalité quotidienne qui se rapportent principalement à l’opposition entre le monde bourgeois et le monde rural ainsi qu’à l’image de la femme.
La manière de Karl Hubbuch est marquée par un trait incisif, concis, qui tient souvent au constat brutal. L’étude de figure que nous proposons, esquissée en quelques traits, met en évidence un langage corporel précis et parvient à capter une certaine sensualité proche de la vie. Nous retrouvons le recourt aux crayons de couleurs dans certains dessins de l’artiste comme c’est le cas pour notre feuille où une discrète touche de crayon de couleur rose souligne les lèvres du modèle.
© A. BIOT