Manifestant des talents artistiques précoces, Henri Guinier rêve très tôt sa carrière de peintre. Suivant la volonté paternelle, il intègre, aux côtés de son frère jumeau Édouard, l’École des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne en 1883. Il choisit la section forge, partageant ainsi son adolescence entre les mathématiques et le marteau du forgeron. Diplômé ingénieur en 1886, le jeune homme effectue, par la suite, son service militaire entre 1886 et 1887 avant de pouvoir enfin s’inscrire à l’Académie Julian. Avec pour maîtres Jules Lefebvre, Benjamin-Constant, Gustave Boulanger et Tony Robert-Fleury, il est admis aux Beaux-Arts de Paris le 13 juillet 1888. Brillant élève, il y obtient de nombreuses médailles aux concours graphiques semestriels de figures. En 1891, Guinier prend part, pour la première fois de sa carrière, au Salon des Artistes Français, au palais de l’Industrie, sur les Champs-Élysées. Il réitère sa participation en 1893, exposant un tableau très influencé par le style de Jules Bastien-Lepage, intitulé Petite Fille des Champs. De 1893 à 1897, cinq années durant, l’étudiant concours avec pugnacité au Prix de Rome qu’il manque à chaque fois de très peu.
Lorsqu’il se lance sur la scène artistique des années 1890, alors en pleine floraison Symboliste, le peintre manifeste une affection particulière pour les heures transitoires du crépuscule. Donnant lieu à des arrière-plans aux effets techniques vaporeux, il y figure presque toujours des femmes rêveuses, abandonnées à leurs songes dans un paysage évocateur de mystère (Ill.1). Nuit Douce en est l’illustration parfaite. Ce penchant stylistique s’épanouit et se singularise avec la découverte de la Bretagne en 1902, sous le charme de laquelle il tombe lors d’un séjour à Bréhat. Il s’inspirera de ces jeunes femmes bretonnes en costume traditionnel desquelles il tirera des portraits symbolistes, emprunts de poésie et de nostalgie.
Ill. 1. Ophélie, 1903, huile sur toile, 65,2 x 54,6 cm, Musée des Beaux-Arts de Reims, Inv. 907.19.12
Notre lithographie, originale, a été éditée par L’Estampe Moderne entre 1897 et 1898 ; Elle est authentifiée par le cachet sec de l’éditeur, L’Imprimerie Champenois. Une lithographie de cette série fait partie des collections du Dallas Museum of Art (N° d’inventaire 2008.95.40)
Bibliographie
Catalogue d’Exposition, Musée municipal du Faouët, Morbihan (15 juin au 5 octobre 2008), Jean-Marc Michaud, Henri Guinier 1867-1927, Éditions du Chasse-Marée, 2008, 111.p.