(Paris 1794 – Paris 1880)
Etude pour la figure du garde dans le plafond du Louvre :
« L’Expédition d’Egypte sous les ordres de Bonaparte »
Esquisse à l’huile entoilée au milieu du XIXe siècle
H. 65 cm ; L. 54 cm
vers 1830-1833
Oeuvre en rapport :
- L’Expédition d’Egypte sous les ordres de Bonaparte, plafond commandé en 1828 pour la Salle des papyrus et des manuscrits grecs au premier étage de l’aile méridionale du vieux Louvre (galerie Campana).
Notre étude est préparatoire au buste de la figure centrale du garde dans le plafond du Louvre. Commandé sous Charles X, ce plafond fut l’objet d’hésitations et de projets successifs. Terminé seulement en 1835, il n’était pas achevé lors de sa présentation au Salon de 1833. On sait d’ailleurs que Cogniet était lent et méticuleux dans son travail. Sans avoir recours au registre de l’allégorie, l’artiste proposait une fiction historique montrant Bonaparte entouré de savants et d’artistes, assistant à la découverte d’un sarcophage pendant la campagne d’Egypte - ce qui valorisait le rôle scientifique de la France à l’occasion de cette désastreuse épopée. L’oeuvre réalisée est à vrai dire déconcertante et tranche avec les autres décors du Louvre. Bonaparte, dans l’ombre d’une tente, est à peine visible. L'accueil sera mitigé : « Des personnages vulgaires et noirs pratiquent des fouilles dans un terrain café au lait : voilà tout ! » s’exclamera Paul Mantz. La figure de notre garde n’est pas la moins surprenante : Cogniet en fait un vieux grognard somnolant, appuyé sur son fusil. Son bicorne, basculant sur un côté du crâne, rajoute un élément cocasse à une scène qui n’est pas censée l’être. Or la comparaison avec une étude d’ensemble du plafond, antérieure à notre toile, prouve que Léon Cogniet a modifié l’attitude initiale du garde pour lui donner délibérément cette allure sympathique et un peu risible - transformation d’autant plus significative que le grognard occupe le centre de sa composition ! L’existence de notre esquisse, exécutée à taille presque réelle, prouve au demeurant que le peintre a médité sur cette figure. L’étude est brossée avec vigueur, d’une touche suggestive, sans s’encombrer d’éléments inutiles : le fusil est ainsi à peine indiqué et sa baïonnette se réduit à une tache bleu-argent. Il y a encore du Géricault dans cette esquisse où Léon Cogniet se montre bien plus non-conformiste qu’homme du « juste milieu ».