(Magny en Véxins 1651 - Paris 1717)
Portrait de couple
Huile sur toile ovale d’origine
H. 115 cm ; L. 90 cm (140 x 115 cm avec cadre)
Vers 1695
Jean-Baptiste Santerre commence son apprentissage en 1673, sous la direction du portraitiste François Lemaire, neveu de Jean Lemaire-Poussin, avant d’entrer dans l’atelier de Bon Boulogne, où il côtoie de jeunes artistes français tels que Jean Raoux, Nicolas Bertin, ou encore Robert Levrac-Tournières. Très vite, son style se dégage de l’influence italianisante de son maître et s’oriente vers l’étude des artistes nordiques, Dou, Mieris, Rembrandt et surtout Van Dyck, dont il admire l’élégance des modèles, et la richesse des drapés. Une mention du Mercure témoigne également de son attachement à l’étude de la nature et de son intérêt pour l’anatomie.
Peu de traces subsistent de l’activité de Jean-Baptiste Santerre avant 1698, date à laquelle il est agréé à l’Académie Royale. Sa réputation de portraitiste est sans doute déjà bien établie à cette date, puisqu’il réalise vers 1699 les portraits de Boileau et de Racine, qui témoignent de sa renommée dans les milieux culturels artistiques parisiens. La fille du prince de Condé, la duchesse de Bourgogne, ainsi que le Régent feront également partie de ses modèles. Néanmoins, Jean-Baptiste Santerre ne fut jamais considéré en rival par les grands portraitistes de son temps, Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud ou François de Troy, et c’est essentiellement à ses figures de fantaisies qu’il dut sa célébrité.
Notre formidable double portrait a dû connaître une histoire mouvementée. Encore disposé sur sa toile et son châssis d’origine, ce grand format a vu s’ajouter à sa composition les noms de deux personnages certainement vers 1800/1810. A ce moment un cadre de l’époque Empire l’a encadré, et ces noms ont été ajoutés par des descendants peu regardants sur les détails de l’histoire et les visages de leurs aïeux. Le mariage des deux personnes dont les noms sont inscrits remonte à 1755, soit soixante ans environ après la réalisation de notre toile. Oublions donc les noms inscrits, qui font désormais partie de l’histoire de l’œuvre mais avec laquelle ils n’ont peut-être aucun rapport généalogique.
Caractéristique de Santerre par les visages doux et rosés, par les drapés aux cassures peu naturelles, par les postures, ce double portrait est composé comme deux portraits distincts. Le premier est celui de l’homme, assis à sa table de travail, et le second est celui de Madame, comme juxtaposé à l’arrière-plan. Le col et le nœud rouge de l’homme rappellent ceux portés lors du règne de Louis XIV, venant en contraste avec sa chevelure libre, grisonnante, totalement en désaccord avec la mode de l’époque.