Le judaïsme antique considérait le message divin comme étant inaccessible aux enfants en raison de leur incapacité à lire la Torah. C’est ainsi que l’Evangile selon Matthieu (19, 13-15) relate un épisode durant lequel les disciples de Jésus rabrouèrent des enfants qui tentaient de l’approcher, du fait de leur incapacité à comprendre la volonté divine. « Laissez les enfants et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le Royaume des cieux est pour ceux qui sont comme eux » leur rétorqua toutefois le Messie, nous enseignant par-là que le Règne de Dieu est à recevoir gracieusement, et non à conquérir par l’activité intellectuelle. C’est ce qu’illustre notre tableau, en nous montrant le Christ s’apprêtant à imposer ses mains sur un enfant. Dans ce riche décor palatial ouvrant sur un arrière-plan à l’architecture moderne, plusieurs familles attendent la bénédiction du Sauveur alors que les disciples manifestent leur étonnement par de grands gestes.
Si notre tableau peut être rapproché d’une grande composition d’Adam van Noort (conservée au Musée National de Varsovie), le traitement des figures et la gamme colorimétrique plus chaude de notre peinture plaident davantage pour une attribution à l’atelier d’Ambrosius Francken I (auquel le RKD a attribué une œuvre semblable à la nôtre). La dynastie des Francken s’était en effet spécialisée dans la déclinaison de sujets bibliques en petites peintures de cabinet traitées dans un style maniériste moins exacerbé que celui des grands retables d’églises. Intime et touchante, notre huile sur cuivre est peinte en fins glacis, lui conférant à la fois vibrance et lisibilité, l’artiste étant parvenu à disposer harmonieusement de nombreuses figures pleines de vie dans un format restreint.
Dimensions : 28,5 x 35 cm – 43 x 53 cm avec le cadre
Biographie : Ambrosius Francken I (Herentals, c. 1544 – Anvers, 16 oct. 1618) découvre la peinture au côté de ses frères grâce à l’apprentissage que leur livre leur père, Nicholas Francken. Après avoir poursuivi sa formation auprès de Frans Floris, il travaille pour l’évêque de Tournai en 1569 puis part s’installer à Fontainebleau en 1570, ce qui lui permet d’étudier le maniérisme de l’école bellifontaine. Revenu à Anvers vers 1573, il est fait maître de la guilde de saint Luc et en devient même le vice-doyen en 1581. Dès les années 1590, son atelier compte quatre apprentis qui l’assistent dans la réalisation de grands retables que lui commandèrent les autorités ecclésiastiques pour la cathédrale d’Anvers. Au sein de sa fratrie, c’est Ambrosius qui eut la carrière la plus féconde et qui remporta les commandes les plus prestigieuses. Mort sans descendance, il forma tout de même son neveu, Hieronymus Francken II.
Bibliographie :