Athènes, l'Acropole Au Crépuscule, 1903
Huile sur toile
27 x 41 cm
44 x 58 cm avec son cadre
Annoté "Le linceuil de pourpre où dorment les Dieux morts" (Renan)
Dédicacé, signé André Brouillet, situé Athènes et daté 1903 en bas à gauche
"Le linceuil de pourpre où dorment les Dieux morts" est un extrait d'une célébre citation de Ernest Renan tirée de ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, II, Prière sur l'Acropole.
Voici la citation complète : "La foi qu'on a eue ne doit jamais être une chaîne. On est quitte envers elle quand on l'a soigneusement roulée dans le linceul de pourpre où dorment les dieux morts"
Ce tableau a certainement été réalisé à l'époque ou André Brouillet travaillait sur sa grande toile "Renan à L'Acropole d'Athènes" et sur la thématique de la Prière sur l'Acropole de Renan.
Fils du sculpteur Pierre-Amédée Brouillet et d'Élisabeth Leriget, André Brouillet entreprend en 1876 des études d'ingénieur à l'École centrale Paris avant d'entrer trois ans plus tard à l'École des Beaux-Arts, où il est élève de Jean-Léon Gérôme1. L'année de sa réception au Salon, en 1879, il suit les cours de Jean-Paul Laurens.
Au cours de sa carrière, il a obtenu de multiples récompenses à ses expositions et bénéficié de nombreuses commandes publiques.
Il est surtout célèbre pour sa toile Une leçon clinique à la Salpêtrière (Salon de 1887, Fonds national d'art contemporain) qui représente le neurologue Jean Martin Charcot examinant la patiente Blanche Wittmann, considérée alors comme « hystérique », lors d'une de ces célèbres « leçons du mardi », dont il avait fait un véritable « spectacle ». Charcot y est représenté entouré d'un grand nombre de ses élèves et collaborateurs, dont Théodule Ribot, Paul Richer et Gilles de La Tourette. On y voit aussi le neurologue Joseph Babinski soutenant la patiente.
Brouillet est également l'auteur de La Violation du tombeau d'Urgel par les Dominicains, L'Exorcisme. Musiciens arabes chassant le djinn du corps d'un enfant (1884, musée des Beaux-Arts de Reims), Le Paysan blessé (Salon de 1886), L'Ambulance de la Comédie-Française en 1870 (1891), Le Vaccin du croup à l'hôpital Trousseau (1895), ainsi que des portraits de personnalités de l'époque, dont Joseph Babinski et Adolphe Carnot (1905).
Influencé par son maître Jean-Léon Gérôme, Brouillet s'adonne à la peinture orientaliste, à la faveur de sa découverte du pays natal de son épouse, Emma Isaac, fille d'un riche commerçant juif constantinois, cousine de Ferdinand Isaac, dont il adoptera même la fille, Yvonne, née hors mariage en 1889 à Constantine, à la mort de sa mère, Marie-Louise Travers, le 19 décembre 1892. L'année suivante, en 1893, rentré en France avec sa fille adoptive, il élèvera Yvonne comme sa propre fille, la représentant dans 14 toiles. Élève de la cantatrice Louise Grandjean, celle-ci sera engagée, le 25 juin 1911, à l'Opéra-Comique comme chanteuse lyrique, sous le nom de scène d'« Yvonne Florentz », et épousera le compositeur Joseph-Eugène Szyfer (nl), en 1913.
Brouillet s'est rendu deux fois en Grèce, d'abord en 1901 pour la réalisation d'une commande de l'État (Renan méditant sa prière sur l'Acropole) puis en 1903 pour réaliser le portrait de la reine Olga de Grèce, en 1901. En 1904, le magazine Femina l'a consacré comme le « peintre de la femme ». En 1906, il est promu officier de la Légion d'honneur, en même temps qu'il reçoit la médaille d'or du Salon où il présente sa grande composition pour la Sorbonne Les Étudiants acclament Edgar Quinet et Edmond Michelet le 6 mars 1848 lorsqu'ils reprennent possession de leur chaire.
Parti sur une route glacée pour porter secours à un convoi de réfugiés belges, le 6 décembre 1914, il est frappé de congestion et meurt quelques heures plus tard. Ses obsèques ont eu lieu à Couhé Vérac.
Œuvres dans les collections publiques