Commode époque Transition Estampillée Etienne Avril (reçu Maitre En Novembre 1774)

Commode à 3 rangs de tiroirs estampillée Etienne Avril époque Transition, vers 1775.
Commode en placage de bois de rose et palissandre dans des encadrements de filets de buis clair. Les montants à pans coupés à décors de cannelures simulées, reposant sur 4 pieds cambrés
Belle ornementation de bronzes ciselés et dorés, anneaux de tirages, chutes et sabots. Dessus de marbre rouge, veiné blanc à gorges.
H x L X P = 86 x 102 x 58 cm
Estampillée 3 fois E. AVRIL et JME sur le plateau.
 
Etienne Avril (1748-1791) – ébéniste – maîtrise obtenue le 23 novembre 1774 : Ébéniste sous le règne de Louis XVI, Etienne Avril se caractérise par ses meubles aux panneaux encadrés de baguettes de bronze.
Appelé Avril l’aîné pour ne pas le confondre avec son frère Pierre, Etienne Avril, ouvre sa boutique principale rue de Charenton, à l’angle de la rue Moreau et également des magasins près de la porte Saint-Antoine.
On le sollicite pour de nombreuses commandes, notamment la reine Marie-Antoinette pour son appartement du château de Saint-Cloud.
Au cours de son activité d’ébéniste, Etienne Avril vend « quantité de commodes, consoles, bibliothèques, secrétaires et chiffonniers en acajou et bois des Indes, des tables de nuit ».
Ses meubles sont le plus souvent en acajou et en satiné. Ils se caractérisent par des lignes rigoureuses et simples et des grandes surfaces unies, typiques du style de Louis XVI. L’œuvre d’Avril se compose également, mais en moins grande quantité, de meubles en placage de citronnier, de bois de rose et de quelques modèles en marqueterie géométrique. Les formes sont nettes, légères, bien proportionnées, les bronzes presque absents, visibles uniquement aux entrées de serrures et parfois sous forme de fines baguettes d’encadrements qui soulignent de l’architecture du meuble.
A l’aube de la Révolution, Etienne Avril cède sa boutique de la rue de Charenton pour ne garder que les magasins de la porte Saint-Antoine.
Après son décès, plusieurs ventes aux enchères, de plusieurs jours à chaque fois, sont organisées afin de les vider du nombre incalculable de ses marchandises accumulées.
 
 
Musées :
Armoire Louis XVI en acajou encadré d'ébène - Château de Fontainebleau.
Petite armoire Louis XVI à deux tiroirs, plaquée de bois de rose - Musée Marmottant - Paris.
Table en chiffonnière, n° MAD1504 - Musée des Arts Décoratifs - Lyon.
 
Bibliographie :
Etienne Avril un ébéniste à la veille de la Révolution - Isabelle Vetois - L'estampille Objet D'Art, n° 242, Décembre 1990, p. 54-65.
L'Artisanat du meuble à Paris au 18e siècle : Etienne Avril - Isabelle Vetois - Histoire de l'art, n° 16, 1991, p. 29-40.
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Éditions de l'Amateur - 2002.
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934.
L'art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle - Jean Nicolay - édition Pygmalion - 1976.
 
CE QUE NOUS EN PENSONS : Cette petite commode cumule les points forts. Elle a été restaurée, bénéficie d’une estampille prestigieuse, typique du style Transition, et ses dimensions sont parfaites pour un appartement ou une maison de campagne. Les bronzes, le marbres sont d’origine. Et le placage de bois de rose en façade témoigne du raffinement du meuble.
 
LE SAVIEZ VOUS ? : Le style Transition (1765-1775) correspond au changement artistique passant du rococo Louis XV au style néoclassique Louis XVI. Cette courte période d'une dizaine d'années voit la création de meubles hybrides mélangeant les décors, les bronzes et la structure de ces deux styles.
La ligne droite et rigide inspirée de l'Antiquité remplace la ligne souple et onduleuse du baroque. La décoration rocaille fait place au répertoire ornemental gréco-romain.
Ce style est né sous l'impulsion d'architectes novateurs qui voulaient se démarquer du Louis XV. Ce dernier, malgré son originalité, commençait à partir des années 1750 à stagner dans ses formes, n'évoluant plus que vers une surenchère ornementale.
Sur le plan culturel, l'époque qui voit fleurir le style Transition est caractérisée par la redécouverte de l'Antiquité classique, avec la mise au jour des vestiges de d'Herculanum (1738) et de Pompéi en 1748. Le résultat des fouilles qui y sont menées influencent alors nettement l'architecture et le décor intérieur.
Les découvertes d'Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), poussent les élites à se passionner pour les civilisations antiques et contribuent à créer un goût pour des formes plus épurées, qui s'exprime à travers le rejet des excès du rocaille du style Louis XV et par l'adaptation des canons esthétiques des anciens Romains à la sensibilité des Lumières.
En quelques années seulement, la ligne droite, le respect scrupuleux des proportions et de l'équilibre, s'imposent comme les références d'une nouvelle élégance qui fait la part belle aux influences venues d'Italie mais aussi à l'exotisme dépaysant de la Chine et du monde Ottoman.