Toile rentoilée de 73 cm par 61 cm
Cadre ancien de 89 cm par 77 cm
L’artiste et son atelier ont souvent répliqué cette vierge à l’enfant tant le succès était considérable. De formats variables, cette scène était souvent reprise comme telle et sur un fond foncé, pour la très grande majorité des œuvres, ce qui rend notre tableau encore plus intéressant lui qui présente un fond clair. Autre variante, la présence ou non d’anges dans les nuages. (Sur fond clair : juillet 2015 Christie’s 97000€ ; janvier 2017, Sotheby’s 93000€…). Notre version est d’une très grande qualité.
Giovanni Battista Salvi Sassoferrato (1609 ; 1685)
L'artiste arrive probablement assez jeune à Rome, où il entre dans l'atelier du Dominiquin. Vers la fin des années 30, il suit son maître à Naples où il fait la connaissance de Francesco Cozza, autre disciple du Dominiquin.
La nostalgie de la peinture ombrienne du quattrocento et de Raphaël, les années d'apprentissage auprès du Dominiquin sont à la source de l'art de Sassoferrato.
Originaire des Marches, province voisine de l'Ombrie, l'artiste dut regarder très tôt les exemples de la peinture ombrienne du xve s. et subir le charme des tableaux archaïsants, fermes et sereins de Pérugin, de Spagna ainsi que des premières œuvres de Raphaël. Une dizaine de tableaux trop rarement cités, de la basilique Saint-Pierre de Pérouse, constituent un ensemble important de copies d'après ces peintres.
De ces maîtres, Sassoferrato retient la rigueur d'une composition lisible au premier abord, la pureté du graphisme, la rigidité des personnages, la douceur des paysages et de la lumière. Il existe de nombreuses autres copies d'après Raphaël, Garofalo et Titien. L'influence du Dominiquin sur Sassoferrato se manifeste surtout dans l'application du dessin et dans la pureté des formes.
Les cabinets de Dessins de Windsor Castle et de l'Art Institute de Chicago conservent un grand nombre de dessins de Sassoferrato, le plus souvent des études préparatoires de composition et de détail, soigneusement mises au carreau, qui révèlent chez leur auteur des qualités de dessinateur hors de pair.
La production de l'artiste peut se diviser en trois catégories : les tableaux d'autel, les petits tableaux de piété et les portraits.
Sassoferrato aurait pu, par le jeu des commandes publiques, remplir les églises de Rome de tableaux d'autel. Il n'en a pas été ainsi, pour avoir encouru la défaveur du public au début de sa carrière. Parmi les tableaux d'autel, il faut citer l'exceptionnelle Nativité de Naples (Capodimonte), à mi-chemin entre Caravage et Cozza, et l'Annonciation d'Aspra (Casperia), chef-d'œuvre au coloris audacieux ; parmi les grandes compositions, citons la Crucifixion (Urbino, G. N.), la Déploration du Christ (Berlin), les Vierges à l'Enfant (Dublin, N. G., et Londres, N. G.).
C'est principalement aux tableaux de piété que Sassoferrato doit sa notoriété. Il créa deux ou trois compositions que lui et son atelier répétèrent à l'infini, pour répondre aux exigences d'une nombreuse clientèle privée. Les images de piété représentent toujours la Vierge, soit avec l'Enfant et des anges (Brera, et Dresde), soit seule, figurée en buste sur un fond sombre, la tête inclinée et les mains jointes (Dresde, Gg, et Londres, N. G.). La simplicité de la composition, l'expression d'un sentiment religieux paisible, voire doucereux, la finesse de l'exécution ont assuré leur succès. Sassoferrato a également réalisé les portraits de quelques-uns de ses mécènes (Portrait de Mgr Ottavio Prati, Rome, Gal. Corsini ; Portrait de cardinal, Sarasota, Ringling Museum
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