Fin du XVe s ou XVIe s
Bourgogne ?
Important groupe en pierre calcaire d'époque gothique, sculpté figurant une Pietà ou Vierge de pitié, tenant sur ses genoux le corps du Christ mort, et entourée de St Jean et de Marie-Madeleine
"Le thème iconographique de la Vierge de Pitié ou de Compassion (pietà en italien) apparaît dans les pays germaniques au milieu du XIVe s. Il est formé de la Vierge assise, tenant le Christ mort couché sur ses genoux, au soir du Vendredi-Saint. Ce motif est apocryphe, il n’a pas de fondement scripturaire ; la piété des croyants est venue enrichir la tradition. Il se répand à la fin du Moyen Age, en lien avec une dévotion plus intime et centrée sur la Passion du Christ (devotio moderna), sous l’influence des ordres religieux (Franciscains). Cette nouvelle image s'est formée selon le processus d'extraction du motif principal d'une scène plus vaste, la Déploration ou Lamentation sur le Christ décloué de la croix.
Elle isole les deux personnages principaux du contexte narratif du récit de la Passion, et propose à chaque fidèle de méditer sur la douleur contenue de la mère devant le corps de son fils, et sur l'acceptation du sacrifice."
La scène religieuse est ici moins intimiste et la vierge est, de façon plus rare en sculpture, figurée entre 2 saints largement lacunaires, mais que l'on peut traditionnellement identifier comme étant Saint Jean et Marie-Madeleine.
Jean l’évangéliste, l’un des douze apôtres, soutient la tête du Christ tout en retirant la couronne d’épines. Son autre main vient toucher le bras de la vierge comme pour la soutenir et partager son immense chagrin.
Marie-Madeleine, qui a également assisté à la crucifixion, apparaît à droite du Christ comme une jeune femme qui essuie ses larmes avec le revers de son manteau. Le vase de parfum, onguant utlisé pour l'embaumement du corps, est un attribut traditionnel du personnage, qui permettait normalement aux fidèles de l’identifier. Ne subsiste cependant ici que le bas du buste de la Sainte.
Le Christ mort repose sur les genoux de Marie, mère du Christ, le corps complètement étendu horizontalement et formant une barrière, sa tête et son bras droit tombant.
La datation ne peut s'appuyer ici que squelques éléments: les seuls corps et le visage du Christ portant sa couronne d'épines, et le vêtement de la vierge, aux plis encore anguleux.
Ce thème est aussi le reflet d'une grande ferveur spirituelle dans une période troublée par les mutations politiques et religieuses : guerres, maladies, famine. De cette vision quotidienne de la mort, des souffrances perpétuelles, est née une dévotion différente tournée vers les émotions et les douleurs
terrestres. Cette nouvelle sensibilité religieuse a eu une influence déterminante sur l'art. Création de l'art gothique germano-français, la figure de la Pietà est l'expression la plus fidèle et sensible de la sculpture du XVe siècle finissant, traduisant dans la pierre la pensée et les croyances de cette
époque charnière.
"La mystique populaire investit la figure féminine, par excellence, de la Passion d'une sensibilité humaine empreinte de tendresse et d'affection. Elle a rendu visible et tangible dans toute l'expressivité de sa chair, la souffrance maternelle de Marie à l'égard de son Fils, mortel et impuissant (souvent dans la Pietà le bras de Jésus pend à la verticale)"
"Thème rhénan, puis flamand, la Pietà va trouver sa terre d’élection en Bourgogne, en particulier à l’époque des Ducs de Bourgogne, entre le XIVe et le XVIe siècle. Le culte a été favorisé par les nombreux pélerinages, au Moyen Age, à des chapelles dédiées à Notre-Dame de Pitié, comme au hameau de Fissy à Lugny, ou à la Maison-Dieu à Givry, ancienne léproserie. La chapelle Notre-Dame de Pitié de la cathédrale de Chalon est fondée au XVe siècle."
Dimensions
environ 78cm long * 35cm profondeur et 60cm haut
Bibliographie
*http://www.pastourisme71.com/Themes_iconographiques/PIETA.pdf
*Louis Réau, Iconographie chrétienne, 1957