Huile sur toile, signée en bas, à droite: "A.F.Bonnardel." - Non datée.
Ecole de peinture Française du XIXe-XXe siècle.
Dimensions hors cadre: H.: 60 cm; -L.: 73 cm. Cadre moderne à baguettes en bois moulurées et listel.
Notre Tableau:
D'une sobrieté plastique aguérrie, cette Composition Florale de laquelle émane un sentiment de douce quiétude révéle les qualités plastiques propres à cet artiste-peintre représentatif au tournant du XXe siècle du renouveau de l'Ecole de peinture Lyonnaise. Equilbre et plénitude des formes, fermeté du dessin servie par une grande probité d'exécution, justesse des valeurs et délicate harmonie chromatique individualisent cette "nature morte", déclinant avec ingéniosité le motif des Chrysanthèmes.
Glissant pianissimo du second au premier-plan, une douce luminosité nimbe de ses reflets argentés une étoffe soigneusement arrangée,enveloppe une pièce de faience cerclée d'un liséré "chinoisant", facette le lustre cuivré du vase et parseme d'éclats la composition florale aux chatoyantes tonalités. Assourdi d'un brun-roux, le fond du tableau met en valeur son agencement soigneusement élaboré: se détachant sur un plan sensiblement incliné (draperie) créant un effet de spatialité, le vase occupe le centre de la toile; à sa verticalité, répond l'épanouissement horizontal du bouquet ; des éléments floraux (tiges prolongées ou coupées) forment lien entre chaque plan.
Pour être aussi d'une grande simplicité, la palette de couleurs d'Alexandre-François Bonnardel ne s'en avère pas moins d'un chromatisme élégant, raffiné voir mélodique. De fait, cette Composition florale aux Chrysanthèmes affirme ses talents de coloriste. Panachés d'un blanc mousseux, piqués d'un jaune lumineux, nuancés de rose, fanfreluchés d'un rouge carminé, chrysanthèmes Pompon, Classique, Marguerite, Tokyo épanchent leur floraison épanouie ponctuée du vert émeraude de leurs tiges feuillagées. A la justessse d'accords de ses tons s'associe une touche libre, d'une facture enlevée non dénuée d'une gestuelle "impressionniste".
Bien que non daté, on peut au regard du parcours artistique de A.-F. Bonnardel -voir sa biographie- situer ce tableau dans sa production picturale des années 1920. Décennie au cours de laquelle éclôt ses ravissants, intimistes"Intérieurs" de Boudoirs ou d'Ateliers aux parois, paravents, tapis, ..parsemés de coquets bouquets florux au charmes délicieusement surannés.
-Une figure artistique reconnue de l'Ecole de peinture Lyonnaise des années 1890-1930: Alexandre,François Bonnardel (Pajay, Isère 1867-Lyon, Rhône 1942).
Né dans le petit hameau rural de Pajay (Isère), le 6 septembre 1867,d'une famille de modestes cultivateurs, rien ne semblait prédestiner Alexandre-François Bonnardel dit Francisque à une florissante carrière artistique jalonnée dans la métropole Lyonnaise comme dans la Capitale parisienne d' honorables distinctions.
En février 1891, inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon , il intégre l'atelier du peintre Antoine, Christian Zacharie (1819-1899) -puis celui de Jean-Baptiste Poncet (1827-1901)- dont il suivra l'enseignement rigoureux .Encouragé pour "la précocité de son talent d'artiste", A.F.Bonnardel considéré dès 1892 comme "un des meilleurs élèves" représentatif de cette vénérable institution, conquiert rapidement par ses premières oeuvres présentées simultanéement au Salon de la Société des Artistes Lyonnais les"appréçiations flatteuses"des critiques , les faveurs de la Bourgeoisie locale fréquentant cette manifestation d'envergure nationale. Ainsi, entre 1895-1899, en "une marche ascendante", une 3e, 2e et 1iere médaille récompenseront, "saluer(ont) l'efflorescence et l'épanouissement d'un beau talent" dont tous "espérait , pour un prochain Salon, (...) quelques oeuvres de vaste conception qui mettra M.Bonnardel au rang des grands peintres Lyonnais" (L'Echo de Vienne et de la région, 1895).
Après ses débuts audit Salon avec une "Nature morte" (1891), un "Paysage" (1895) ,des portraits (1895-1898) des plus remarqués pour leur "excellence de dessin et de modélé", leur "exécution large et solide" alliés à une "science des carnations" ou des scènes de genre "finement observées et spirituellement rendues"(Liseur distrait, 1897. Caquettage, 1898), la "fameuse toile" sollicitée "comme pièce à succès" fut donc présentée en 1900 sous le n°65: "Une séance au Conseil munipal de Lyon en 1899". Considérée comme un "Tableau d'Histoire -d'Histoire locale-", cette importante composition acquise par la Cité consacra l'artiste . Ce dernier, réussissant aux dires de la presse de l'époque ce "tour de force de travail et d'exactitude" où" M.Bonnardel ne s'est pas seulement montré ce qu'il est, un excellent portraitiste, mais également connaître comme un metteur en scène de premier ordre".
Au tournant du siècle, alors au faîte de son parcours artistique (nommé la même année Professeur de la Classe du modèle vivant à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, Conseiller du Bureau de la Société des Artistes Lyonnais), A.F. Bonnardel part à la conquête de la Capitale parisienne.Notamment, par l'envoi régulier à partir de 1904 au Salon des Artistes Français de toiles empreintes d'un réalisme social dont la véracité, la sincèrité (Ils ont un abri et du pain, 1910; Le Vieux Berger, 1911; Misères, 1912; Les Exilés, 1916) furent saluées en 1909 d'une Médaille d'Honneur (Sit Digna Labori merès).
Dans une autre veine, où se déploient avec "sa virtuosité habituelle" (Désiré France, 1926) ses qualités de fin coloriste, il réalisera des "Etudes" ,de petites "Scènes d'Intérieurs" (Tricotteuse, 1902; Indolence, 1905)- "véritables bijoux" (Léon Mayet) poétiques- dans le sillage desquelles l'on se doit de placer sa production picturale des années 1920-1930. Démis de ses fonctions suite à une houleuse relation adultérine avec une de ses élèves, A. F. Bonnardel s'adonnera jusqu'à sa mort survenue en décembre 1942 à des compositions picturales librement déclinées , enlevées avec verve, spontanéité et une indéniable sureté de facture . Sous son pinceau aguérri aux précepts "modernistes" de l'époque écloreront , traités dans une note post-Impressionniste, des scènes intimistes (Intérieur, 1920), de mystérieux portraits de femmes dénudées ( Jeune femme à sa toilette, Dormeuse,1930) ou saisies, rêveuses ,en des costumes d'Epoque Restauration (Elégante 1830, La Liseuse distraite), de "remarquables" Compositions florales ( "Au Jardin","Dalhias") ou encore des Natures Mortes aux fruits ( "Les Oranges", Pêches d' Automne", 1933-1942). Dans cette brève évocation de la carrière artistique de ce peintre aux multiples facettes, on ne saurait omettre ses pittoresques et "féeriques décors" créés pour le Grand Théâtre de Guignol auque l il redonnera entre 1910-1930 ses lettres de noblesse d'Antan.
Séant sur les cimaises des institutions muséales (Lyon, Musée des Beaux-Arts, Paris, Musée d'Art Moderne), dans les collections privées françaises et européennes, présente sur le Marché de l'Art (ventes Christie's, Artcurial, Drouot) ou encore sujet de recherches universitaires (Repelin François, Alexandre-François Bonnardel, 1867-1942, Mémoire de Maîtrise, Lyon, 1982), l'oeuvre de cet artiste-peintre désormais redécouverte et réévaluée à sa juste mesure occupe une place méritoire dans le paysage culturel et artistique de la peinture française de la fin du XIXe-milieu XXe siècles.
Sans augurer que lors d'une vente (Sotheby's Paris, 2005), une de ses "Nature Morte aux Oranges" serait adjugée 18. 000 Euros, A.Saget écrivait en 1905 dans une revue d'art: "M.Bonnardel-aux côtés des peintres lyonnais Jules Médard (1855-1925), Nicolas Sicard (1846-1920) ou plus tard de son émule Pierre Combes-Descombes (185-1966)..- ouvre à notre vieille patrie latine des horizons infinis de triomphes.Honneur à tous ces fronts sublîmes, à toutes ces têtes laurées! C'est à eux que Lyon devra de marcher un jour dans la voie triomphale du Progrés qui mène au Temple splendide de l'Eternelle Beauté" (La Houle, mai 1905, p.17).
Bibliographie: Bénèzit, Emmanuel, Dictionnaire des Peintres, sculpteurs , dessinateurs et graveurs français, Grund, 1939,Tome I, p. 665; -Schurr, Gérald et Cabanne, Pierre, Les Petits Maîtres de la peinture, 1820-1920, Ed.de L'Amateur, 2014, p.137;-Vallacher, Guy, "Alexandre, François Bonnardel", in: Les Amis de Lyon et de Guignol, n° 250 de Juillet 2010.
Sources imprimées : notamment, L'Echo de Vienne et de la Région ( 1895-1908); Le Journal de Vienne et de l'Isère (1898-1910); Le Passe-Temps et le Parterre réunis (1895-1906); Le Journal des Arts (1904-1930); La Revue des Beaux-Arts (1921-1926); Le Salut Public, 1909-1937; Catalogues des Salons,...