Fragment de tapisserie, Manufacture des Gobelins, commande royale d'après Audran pour Louis XIV flag


Description de l’antiquite :

"Fragment de tapisserie, Manufacture des Gobelins, commande royale d'après Audran pour Louis XIV"
- Fragment de tapisserie appartenant à une Portière des Dieux ("Saturne ou l’Hiver") d’après Claude III Audran, tissée en basse-lisse à la Manufacture des Gobelins entre 1701 et 1703, laine et soie rehaussée d’or. Bon état de conservation, quelques usures sont à signaler.


- Des recherches ont permis de retrouver la tapisserie à laquelle ce personnage appartient (cf le dernier visuel) ; il s’agit d’une Portières des Dieux ("Saturne ou L’Hiver") tissée d’après Claude III Audran à la Manufacture des Gobelins entre 1700 et 1703. Il s’agit d’une commande destinée à Louis XIV pour décorer les appartements du roi au Palais de Versailles, ce qui explique la très haute qualité du tissage et la présence de fils de métal précieux

- Tapisserie d’une grande finesse (9 à 10 fils/cm) représentant un enfant le visage de profil, le corps de face, tenant un masque. Le jeune garçon, un genou à terre, porte une coiffe enrubannée ornée de pierres bleues. Il apparaît dans un réseau d’ornements végétaux (rinceaux de tores de laurier, branches de chêne, feuilles d’acanthes perlées, culots fleuris, fleurs au naturel). La vigueur de ces motifs, leurs formes élégantes empruntes de légèreté ainsi que la composition symétrique régie par une bordure aux nombreuses échancrures renvoient au style « Régence » (1er tiers du XVIIIe).

- Le personnage central affiche un dessin particulièrement soigné, des coloris d’une grande diversité de teintes, même si ces dernières ont aujourd’hui perdu de leur éclat. L’étoffe elle-même est enrichie de fils d’or, qui attestent un niveau de grand luxe. Une observation plus fine nous permet de constater qu’un rentrayage a été exécuté. La partie centrale (l’enfant au masque) est un fragment qui a été rentrayé à un alentour conçu à dessein et tissé a posteriori.

- Il s’agit donc d’une tapisserie captivante à plusieurs égards :
- En premier lieu pour le prestige de la commande initiale à laquelle le fragment se réfère, celle d’une commande du surintendant des Bâtiments du roi pour les appartements de Louis XIV à Versailles, ce qui explique la présence de fils d’or/d’argent, la qualité du dessin, des coloris et la finesse du tissage.
- En second lieu, pour les vicissitudes que ce tissage a connues ; une portière a été tissée, a dû être exposée et pour une raison encore méconnue a été endommagée, découpée, un ou plusieurs fragments ont été « sauvé(s) » et d’autres mains, connaissant la valeur du fragment, sont venues tisser un alentour « sur-mesure » pour donner une seconde vie à ce fragment.

- La Portière de "Saturne ou l’Hiver" appartient à une tenture de 8 pièces dénommée « Portières des Dieux », elles représentent les Quatre Saisons et les Quatre Eléments personnifiés par un des dieux de l’Olympe : Vénus, le Printemps – Cérès, l’Eté – Bacchus, l’Automne - Saturne, l’Hiver – Junon, l’Air – Diane, la Terre – Neptune, l’Eau – Jupiter, le Feu.
Toutes les portières ont la même disposition décorative ; elles sont composées d’un portique décoré de festons de fleurs, environné d’oiseaux, d’animaux, des signes zodiacaux et des attributs définissant la saison ou l’élément, sous lequel est installé(e) le dieu ou la déesse. En bas, un soubassement qui occupe la largeur de la tapisserie, supporte au milieu un socle garni de divers accessoires entre deux enfants.
Pour celle de Saturne-L’Hiver, les deux enfants (notre fragment correspondant à l’enfant de droite) entourent un trépied allumé posé sur un tapis de velours. L’enfant de gauche tient une pince en bois pour attraper la marotte que tient un singe habillée d’une culotte bleue. L’autre enfant (présent sur le fragment) tient un masque (une référence à la nuit). Sur les consoles, à droite un mannequin, un masque, une coiffure et un chat ; à gauche, une lanterne, un masque et des coiffures à plumes.

- Cette tenture fût commandée par Jules Hardouin-Mansart, nouvellement nommé surintendant des bâtiments du roi (1699-1708), à l’ornemaniste et peintre du peintre du roi Claude III Audran (1658-1734) en 1699, l’année même de la réouverture de la Manufacture des Gobelins, afin de renouveler les portières employées dans les maisons royales.
Avec cette commande royale Mansart instigua une nouvelle politique artistique. Ces tapisseries, d’une adaptation nouvelle du genre de décoration appelé Grotesques ou Arabesques, eurent le + grand succès et furent exécutées en nombreuses séries. Elles donnent un exemple du style d'Audran qui joua un rôle décisif dans "l'émancipation de l'art décoratif" (A. Chastel) à la fin du règne de Louis XIV.
Les compositions sont de Claude III Audran, les figures (déesses, dieux, enfants) de Louis Boulogne et de Corneille. Les motifs grotesques qui composent cette série reprennent des motifs remis à la mode par Jean Bérain (motif complexe et fantastique ordonné suivant la symétrie de la composition) tout en proposant une évolution ; une expression d’avantage naturaliste dans le traitement des feuillages, fleurs et animaux. Selon les comptes des Bâtiments du Roi, les premières séries de portières (1700-1713) ont été commandées pour les appartements du roi à Versailles. Fort du succès rencontré, cette tenture sera retissée à plusieurs reprises jusqu’aux dernières années du siècle à la manufacture des Gobelins pour décorer d’autres résidences royales et pour des cadeaux diplomatiques. Les huit modèles, constamment recopiés, ont dû être repeints à plusieurs reprises. Les dimensions, les fonds, les attributs ont été modifiés, ces variantes permettant de fixer la date de tissage des tapisseries. Les premières tentures sont d’autant plus précieuses qu’elles sont des spécimens authentiques des portières et exécutées d’après les modèles originaux.

- L’observation approfondie* de notre fragment permet de relier ce tissage aux toutes premières tentures de basse-lisse rehaussées d’or tissées de 1700 à 1703 (cf. Paris, Mobilier National inv. GMTT-164-000, https://collection.mobilier-national.fr/objet/GMTT-164-000).

* un dossier technique disponible à la galerie sera remis à l’acquéreur

Bibliographie :
- Fenaille (Maurice), État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900. Partie 1, p. 11 à 19
- Vittet (Jean), Les Gobelins au siècle des lumières. Un âge d'or de la manufacture royale, Paris, 2014, p.31, fig.14
- Favreau (Marc), "La réouverture de la Manufacture des Gobelins en 1699 et la commande de tapisseries à Claude III Audran: les Portières des Dieux (1699) et les Mois grotesques (1709)" in Aurélia Gaillard, ed. L'Année 1700. Actes du colloque du Centre de recherches sur le XVIIe siècle européen (1600–1700). Université Michel de Montaigne, Bordeaux III, 30–31 janvier 2003. P. 240 à 257

A noter :
Le collectionneur suédois Cronstedt acheta, à la mort d’Audran, son fond d’atelier, soit plus de 2 000 dessins. Ils appartiennent aujourd’hui aux collections du Nationalmuseum de Stockholm.
Lien vers le dessin de Claude III Audran pour la Portière de Saturne-L’Hiver
 
Prix: 5 250 €
Epoque: 18ème siècle
Style: Louis XIV - Régence
Etat: Bon état

Matière: Soie
Longueur: 0,82 m
Largeur: 0,99 m

Référence (ID): 1187628
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