Petit Rhône
Gouache vernis sur carton
Signé « P. Charbonnier » et titré « Petit Rhône » en bas à droite
39 x 52 cm (cadre 50 x 70 cm)
2/3 Infimes sauts de gouache
Né en 1897 à Vienne (Isère), Pierre Charbonnier se prédestine très tôt à une carrière artistique. Il suit une première formation à l’École des beaux-arts de Lyon dès 1915 avant de s’installer à Paris où il intègre l’Académie Ranson. Il présente ses premières toiles au Salon des Indépendants, au Salon des Tuileries et au Salon d'Automne au début des années 1920. Il expose en outre dans des galeries en France (galerie Henriette Gomès, galerie Albert Loeb) et à l’étranger (Italie, Japon, Brésil, Luxembourg).
Actif dans le milieu du cinéma, il s’illustre par ailleurs en tant que décorateur, notamment pour le cinéaste Robert Bresson de 1934 à 1970, mais aussi en tant que réalisateur.
Le thème de l’eau est très présent dans l'œuvre de Pierre Charbonnier qui grandit au bord du Rhône. Le titre “Le Petit Rhône” annoté en bas à droite de la gouache que nous présentons permet d’identifier le fleuve que l’on devine au second plan derrière des branchages stylisés, réduits à de fins aplats noirs entrecroisés. L’artiste situe souvent ses paysages et autres vues urbaines sans quoi il ne serait pas aisé d’identifier les lieux en question (Drôme, Sète, Lyon, Barcelone etc.). La palette, réduite au bleu, au jaune et au brun, dessine ici un paysage à la limite de l’abstraction.
Vivant entre Paris et la Drôme, Pierre Charbonnier peint de nombreuses vues urbaines épurées dans un souci permanent du cadrage qui témoigne d’un œil sensible aux prises de vues photographiques et cinématographiques. Celles-ci laissent parfois apparaître le cadre d’une fenêtre ouvrant sur une grande perspective. Ses compositions sont souvent très géométriques et mettent en scène des éléments urbains dans une ambiance statique. Elles sont rythmées par de grandes lignes, tantôt horizontales, tantôt verticales, créant de grands vides.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ses peintures illustrent de façon faussement naïve l’envahissement de l’espace urbain par des constructions en béton sur lesquelles il pose un regard angélique. L’artiste représente la ville moderne en pleine transformation, la ville des usines et des bâtiments intégrant des infrastructures métalliques et autres cheminées longilignes et matériaux techniques tel que le Centre Pompidou inauguré en 1977. La plupart du temps inanimés, les paysages de Pierre Charbonnier faits de couleurs pures et intenses expriment la poésie du monde moderne d’après-guerre. Ce raffinement se retrouve par ailleurs dans le vif intérêt de l’artiste pour la poésie qu’il partage avec ses amis que sont Max Jacob, Tristan Tzara, René Char, Jacques Prévert ou encore Blaise Cendrars.
© A.BIOT