Bronze patiné signé F Barbedienne et Collas
Epoque XIXème
Grand modèle de 32 cm de haut
Excellent état
Le Tireur d'épine, en italien Spinario, est un type statuaire représentant un jeune garçon se retirant une épine du pied. L'exemplaire le plus connu est une sculpture en bronze exposée dans la salle des Triomphes du Palais des Conservateurs (Musées du Capitole) à Rome. Généralement datée du ier siècle av. J.-C., elle constitue un bel exemple du principe de l'éclectisme, c'est-à-dire de « l'antique d'après l'antique ».
Le type rassemble plusieurs bronzes, des marbres et des figurines en terre cuite. Il représente, la plupart du temps en grandeur nature, un jeune garçon ôtant une épine de son pied. Le thème se retrouve dans des représentations de Pan et de satyres et rattache donc le garçon à l'univers de Dionysos.
L'exemplaire du Capitole:
La statue, haute de 73 cm, associe une tête du style sévère à un corps de style plus tardif. Elle est composée de plusieurs parties fondues séparément puis soudées. Le corps et le rocher sont constitués d'un seul morceau, alors que le bras droit et la tête ont été réalisés à part. À l'origine, du cuivre rouge couvrait les lèvres du personnage et les yeux étaient probablement incrustés d'ivoire ou de marbre. Elle a probablement été conçue dans le courant du ier siècle av. J.-C. à partir des modèles hellénistiques des iiie – iie siècle av. J.-C. pour le corps, tandis que la tête dérive d'œuvres grecques du ve siècle av. J.-C..
La pose singulière et extrêmement gracieuse du personnage, surpris dans un geste inhabituel, en a fait l'une des œuvres les plus admirées et les plus copiées de la Renaissance.
Cette œuvre a suscité un certain nombre d'interrogations à partir du xixe siècle, liées à une particularité : les cheveux du jeune garçon, selon la logique de la pesanteur, devraient tomber. On a donc pensé que cette statue a été faite en deux fois : le corps du Spinario s'inspirerait d'un modèle hellénistique, sur lequel l'auteur du bronze, romain, aurait adapté une tête copiée sur une œuvre plus ancienne, sans corriger les cheveux.
Cette sculpture a fait l'objet de nombreuses interprétations. Au xvie siècle, Benjamin ben Jonah de Tudèle (Navarre) identifie le garçon au personnage biblique d'Absalom, fils de David, renommé pour sa très grande beauté. On lui a aussi associé l'histoire légendaire d'un jeune berger, Gnaeus Martius, qui aurait sauvé Rome en portant au Sénat un message urgent, ne s'arrêtant pour extraire l'épine qui blessait son pied qu'après avoir accompli sa mission. Au Moyen Âge, on retrouve de nombreuses reproductions du Tireur d'épine. Le nom de Martius étant proche du nom du mois de mars, mois qui coïncide souvent avec la période du Carême, le Spinario a pu être interprété comme un symbole de pénitence, arrachant « l'écharde de la chair ».
Le Tireur d'épine était autrefois placé devant le palais du Latran, parmi d'autres statues antiques célèbres. Sa présence est attestée depuis le xiie siècle à Rome. La statue fut offerte à la ville de Rome par le pape Sixte IV en 1471, avec la donation des bronzes du Latran au peuple romain1. Prise par Napoléon Bonaparte dans son butin de guerre et gardée au Louvre de 1798 à 1815, à la chute de Napoléon Bonaparte elle est restituée par Louis XVIII aux États pontificaux, avec de multiples autres chefs-d'œuvre enlevés à Rome, notamment le Buste de Brutus. Le pape Pie VII fit aussitôt remettre à leur place le Tireur d'épine et le Buste de Brutus, dans la Salle des Triomphes du Palais des Conservateurs, aujourd'hui partie des Musées Capitolins (dans la salle adjacente, Salle des Capitaines, une inscription dans le marbre rappelle cette restitution en l'honneur du pape Pie VII).