Italie fin du XVIIe ou début du XVIIIe s
Grandeur petite nature, très grande dimensions ! Hauteur 115cm
Plusieurs caractéristiques font de cette sculpture articulée une pièce particulière:
* sa taille (1 mètre 15cm de haut),
* la sculpture détaillée du buste avec le marquage des côtes du personnage pour reproduire parfaitement l'anatomie humaine,
* l'articulation de sa mâchoire (que je n'ai jamais rencontré sur ce type de mannequins) laissant apparaître sa dentition finement détaillée, et les yeux pivotants à l'aide d'un balancier certainement contrebalancé par des poids en plomb (la tête est creuse en son centre, évidée pour recevoir ce mécanisme et refermée par des plaques métalliques -cuivre et fer clouées) .
*Sont également détaillés les doigts des mains et les orteils, les oreilles,...
La tête et le buste sont en bois polychrome, (imitant la carnation). La robuste structure permettant les mouvements de l'articulation est elle en fer et partiellement apparente.
Etat: pas de repeint ni de restauration; un petit manque au menton droit du visage, possible à restaurer.
L'ensemble est partiellement recouvert d'une toile de lin d'époque.
Très forte présence pour ce très rare élément de collection, pouvant s'intégrer idéalement dans tout cabinet de curiosité ou pour la mise en scène d'autres éléments de collection, ...
Cette capipote s'inscrit de façon énigmatique entre le mannequin d'atelier et ces statuts articulées ayant servi dans les processions religieuses en Italie à cette époque (il semble néanmoins largement plus détaillé et soigné que les modèles souvent rencontrés).
"Depuis le XVe s, le mannequin est un outil d'atelier nécessaire aux artistes ne pouvant disposer de modèles vivants pour réaliser leurs oeuvres et progresser dans l'étude des proportions anatomiques. Toujours robuste, disponible et obéissant, le mannequin d'artiste prenait la pose qu'on lui avait donné sans rechigner, offrant à l'artiste, peintre, dessinateur ou sculpteur, la liberté et le temps d'en disposer à sa guise.
Qu'ils soient en bois, en cire, en argile ou en tissu muni d'une armature métallique, de petite taille ou à taille humaine, le mannequin d'artiste a eu son heure de gloire à différentes époques de l'hisoire. L'usage en était recommandé dans les écoles d'art pour enseigner aux élèves à dessiner les proportions et le drapé car il était possible d'hbiller les mannequins. Les mannequins articulés étaient aussi présents dans les ateliers des plus grands maîtres, de Michel-Ange à Cézanne, qui utilisaient cet accessoire afin de réaliser leur composition.
La plupart des mannequins articulés en bois du XVIe et du XVIIe s étaient de fabrication alemende ou autrichienne. Ces poupées articulées étaient des sculptures miniatures d'une très grande finesse d'exécution. Les membres étaient reliés par des systèmes internes de crochets et de ficelles à des rotules tournées en bois qui permettaient de les faire bouger individuellement.
A la fin du XIXe s, Paris devient la capitale européenne du mannequin perfectionné. Muni d'une ossature interne de bois ou de métal, le mannequin d'artiste offrait une souplesse comparable à celle du corps humain et d'une finition externe imitant l'apparence des muscles et les traits du visage"
"Un sculpteur, Schiaparelli, disait de ses 2 mannequins qu'il baptisa Pascal et Pascaline Pure beauté grecque, souple et digne (...), qui regarde avec une calme indifférence, les foules qui le contemple bouche-bée." Il organisa même une cérémonie de mariage pour ce drôle de couple. Notre mannequin est comme le petit frère de Pascaline. Il est silencieux, discret, iconoclaste et subversif. Il sert de modèle aux artistes, on le retrouve presque vivant dans chaque position."
Bibliographie:
*Exposition au Musée Jacques BOUREDLLE (Musées de la ville de Paris), "Mannequin d'artiste, mannequin fétiche", du 01 avril au 12 juillet 2015
Catalogue rédigé par Jane MUNRO
*Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Palais de RUMINE, Place de la Riponne 6 CH- 1005 LAUSANNE, Suisse