Gyptis et Protis
Vers 1910
Plâtre
50 x 38 x 14 cm
Non signée
Accidents
Une jeune femme présente une coupe à un jeune homme. Les deux sont nus, sauf pour les drapes sur leurs épaules, et les partage un regard très tendre. Ce couple amoureux est Gyptis, la fille du roi des Ségobriges, la tribu celtique autochtone des Bouches-du-Rhône, et Protis un marin Phocéen. Le sculpteur marseillais, François Roume, représente le mythe fondateur de la ville de Marseille : le mariage de Gyptis et Protis vers 600 av. J.-C.. Plusieurs récits de cet évènement ont survécu de l'antiquité, Aristote a écrit une version importante, mais la version le plus courant est probablement que de Trogue Pompée raconté par le Romain Justin :
« (Les Phocéens) Ayant ainsi pénétré jusqu'aux dernières bornes de ces mers, ils arrivèrent à ce golfe où se trouve l'embouchure du Rhône : séduits par la beauté de ces lieux, le tableau qu'ils en firent à leur retour y appela une troupe plus nombreuse. Les chefs de la flotte furent Simos et Prôtis. Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges, nommé Nannus, sur le territoire duquel ils désiraient fonder une ville, et lui demandèrent son amitié. Justement ce jour-là le roi était occupé à préparer les noces de sa fille Gyptis, que, selon la coutume de la nation, il se disposait à donner en mariage au gendre choisi pendant le festin. Tous les prétendants avaient été invités au banquet ; le roi y convia aussi ses hôtes grecs. On introduisit la jeune fille et son père lui dit d'offrir l'eau à celui qu'elle choisissait pour mari. Alors, laissant de côté tous les autres, elle se tourne vers les Grecs et présente l'eau à Prôtis, qui, d'hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour y fonder une ville. Marseille fut ainsi fondée près de l'embouchure du Rhône, au fond d'un golfe, et comme dans un coin de la mer. » - (trad. M. E. Pessonneaux)
En effet, ce mariage légendaire cément l'alliance entre les Celtes et les Grecs qui ont établi Marseille. Cependant, même dans la ville phocéenne elle-même les visualisations en sculpture du Gyptis et Protis ne sont pas du tout communes. Cela nous laisse quelques questions sur le but et la fonction de ce plâtre : est-il une maquette pour une commande en pierre ou marbre détruit ou perdu, ou peut-être oublié mais existant quelque part, ou peut-être non effectué ? Sur la date de la pièce, même s'il rappelle un peu le classicisme des années 20, il pourrait être plus tôt. On note qu'en 1899 Marseille célèbre le 25e centenaire de l'arrivée des Phocéens et il semble possible que ce relief de Gyptis et Protis étaient lié à cette célébration.
François Antoine Roume est sculpteur marseillais actif fin du 19e début du 20e siècle. Élève d'Émile Aldebert à l'école des beaux-arts de Marseille, il expose à Marseille en 1891 et 1893. En 1905 il reçoit une première médaille lors d'une exposition à Toulon et aussi en 1905 il expose trois médaillons en bronze au Salon de Paris où son adresse est indiquée comme 7 Boulevard de Longchamp, Marseille. Il semble que peu de temps après, Roume a émigré à l'Argentine parce que l'artiste argentin Carlos Roume, né à Buenos Aires en 1923, est le fils d'un certain sculpteur et architecte François/Francesco Roume.
* Merci à Laurent Noet d'avoir identifié le sujet de la sculpture