(1819 Bruxelles - 1884 Ixelles)
La chapelle Zen (ou Saint-Zenon) de la basilique Saint-Marc de Venise
Aquarelle
H. 50 cm ; L. 65 cm
Signée et datée en bas à gauche, 1866
Œuvre en rapport :
Tableau exposé au Salon de Paris de 1861, sous le numéro 2257, titré La chapelle Saint-Zénon, à Saint-Marc de Venise, puis à l’Exposition Universelle de Londres en 1862, dont notre aquarelle est une reprise avec quelques variantes
Provenance :
Vente après-décès de l’artiste, Bruxelles, Galerie Saint-Luc, 12 rue des Finances, 9/10/11/12 décembre 1885, Experts Le Roy et de Brauwer ; lot 25, titré Chapelle de Saint-Zenon, église Saint-Marc, aquarelle, 46x61 cm
Elève de François Bossuet (1798-1889) à l’Académie de Bruxelles, Van Moer adopta la spécialité de son maître : paysages urbains et monuments historique, traités dans une minutie presque photographique avec un excellent rendu de l’atmosphère, extérieure ou intérieure. Grand coloriste, artiste consciencieux et infatigable, il reçut des commandes de la reine Victoria et du roi Léopold II de Belgique, et exposa 13 tableaux au Salon de Paris entre 1853 et 1865. Van Moer voyagea dans de nombreuses contrées, dont la France, l’Espagne, l’Italie, la Dalmatie, l’Egypte et la Palestine, Venise restant son thème de prédilection. Il réussit à représenter la cité des Doges avec peut-être encore plus de véracité et de poésie que ne l’avaient fait avant lui Wyld, Joyant ou Ziem.
Dans cette composition créée en 1861, Van Moer choisit pour sujet un lieu particulièrement méconnu, et à l’iconographie (même en photographie aujourd’hui) quasi inexistante, situé à l’angle sud-ouest de la basilique Saint-Marc. Cette chapelle Saint-Zenon, Saint-Zeno, Zen (il existe une multitude d’appellation ou orthographes) doit son nom au cardinal Jean-Baptiste Zeno (c.1439-1501), issu d’une famille vénitienne. Son oncle le pape Paul II lui permit de gravir rapidement les échelons de l’Église et d’être nommé cardinal à moins de trente ans en 1468. Ses fonctions lui firent parcourir l’Italie, mais il ne fut jamais en poste dans sa ville natale. A sa mort en 1501, il requit au doge d’être inhumé dans la basilique contre 5 000 ducats d’or. La tradition n’autorisant aucune inhumation dans le monument, cette demande reçut une opposition implacable de la part des autorités. La solution trouvée fut d’inhumer le cardinal Zeno dans le narthex couvert, lieu non sacré de la basilique. La porte de gauche de la chapelle donne vers le vestibule de la basilique, celle du fond vers le baptistère.
Le tombeau en bronze, achevé en 1521, est l’œuvre plurielle de l’architecte sculpteur Antonio Lombardo et des fondeurs Alessandro Leopardi et Campanato, et de différentes mains dans chaque élément sculpté (jusqu’au ciborium qui surplombe l’autel).
Van Moer restitue parfaitement l’aspect sombre et mystérieux de ce lieu à vocation funéraire.