Poésie de l'oiseau, 1948
Huile sur toile
Signée “Joséphine Beaudouin” et datée “1948 “ en bas à gauche
35 x 27 cm
Née à Albi en 1909, Joséphine Beaudouin (née Cals) montre un intérêt précoce pour le dessin. À l’âge de douze ans, elle rejoint Paris où sa mère, Jeanne Ramel-Cals, anime un salon littéraire que fréquentent des personnalités du monde des arts telles qu’Ambroise Vollard. En 1925, alors que ses premiers dessins paraissent dans la revue le Crapouillot, la jeune artiste intègre l’École des Arts Décoratifs où elle étudie la peinture à fresque. Elle épouse l’architecte Eugène Beaudouin en 1928 avec lequel elle parcourt l’Europe. Ce dernier, membre de l’Académie des Beaux-Arts, a réalisé une série de bâtiments précurseurs de l’architecture moderne en France (Clichy, Maison du Peuple ; Antony, Résidence universitaire Jean Zay). Joséphine Beaudouin expose au Salon des Indépendants, au Salon des Tuileries, au Salon d’Automne et au Salon des Artistes Décorateurs.
L'œuvre de celle que Jean Cocteau qualifiait d’”ensorceleuse” est empreinte de mystère. Son travail porte le sceau d’une personnalité hors norme. En effet, Joséphine Beaudouin développe très tôt un penchant pour le rêve et se réfugie entre autres dans les ouvrages illustrés par Gustave Doré. Sa virtuosité technique et son imagination débordante sont louées par la critique de son temps qui salue unanimement ses Marmorées. Nommées ainsi par René Barotte, il s’agit de peintures réalisées sur des plaques de marbre à partir de 1955. L’artiste exploite les ressources infinies des veinures de ce support qui lui inspire des compositions poétiques aux sujets insolites. Marquée par le surréalisme, elle renoue avec le fantastique en livrant une prodigieuse création de l’esprit faite de cités rêvées et de trompe-l’oeil.
Le tableau de 1948 que nous proposons représente probablement un crave à bec rouge. L’oiseau est un thème récurrent dans l'œuvre de Joséphine Beaudouin, comme dans sa vie. Férue d’ornithologie, elle accueillait en sa demeure parisienne une volière où s’abattaient de nombreux oiseaux des îles. Elle a également constitué une collection d’oiseaux empaillés. Toujours sur ce thème, l’écrivain Claude Aveline (1901-1992), auteur du poème L’Oiseau-Qui-N’Existe-Pas, invite plusieurs artistes plasticiens à interpréter librement ce que pourrait être cet oiseau. La première série d'œuvres est réalisée entre 1956 et 1963. En 1957, Joséphine Beaudouin livre une œuvre à la plume d’une grande finesse, conservée aujourd’hui au Centre Pompidou. Plusieurs artistes de renom répondent également à l’invitation du poète tels que Jean Cocteau et Ossip Zadkine.
La précision du graphisme de notre tableau témoigne d’une observation attentive de l’anatomie des oiseaux. L’artiste peint avec une grande délicatesse : la technique est impeccable, le dessin est soigné, la matière est lisse, les détails sont représentés tout en finesse, avec une grande maîtrise.
Texte © A. BIOT