L'extraordinaire dynamisme des deux félins doit beaucoup au traitement ornemental de leurs croupes, qui tendent dans leur partie centrale à se muer en arabesques. Ces dernières se fondent au pelage de l'animal, finement repris à la ciselure. Ce travail de surface de grande qualité confère accents naturalistes et expressivité à ces formidables représentations.
Deux percements encore visibles sur le dos des lions nous renseignent sur la fonction de ces oeuvres, qui devaient autrefois soutenir des colonnes au sein d'un cabinet architecturé. Si ces lions stylophores évoquant les portails de grandes cathédrales italiennes étaient très diffusés au sein de pièces de mobiliers produites dans toute l'Europe à la Renaissance, nos deux lions trouvent un écho tout particulier au sein de la production vénitienne du Cinquecento. En atteste notamment une paire de lions assez proche de l'ancienne collection Martini (Sienne), attribuée à un atelier vénitien actif au milieu du XVIe siècle.