Traversée par l'indéniable raffinement du style Louis XVI, cette pièce horlogère nantie d'une grande élégance formelle se place sans conteste dans le sillage des modèles élaborées dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, notamment par le bronzier François Vion (1737-1790). Comme son homologue, le sculpteur Etienne-Maurice Falconnet (1716-1791), il se complut à orchestrer, en de suaves créations traitées avec une grâce sérieuse ,répertoire ornemental néoclassique de rigueur dans le s années 1770-1780 et sujets puisés à la Fable Antique galante ou ayant traits à l'Amour. Une thématique fort goûtée de la société aristocratique du régne de Louis XVI appréçiant, dans l'intimité douceureuse de ses Boudoirs, statuettes, petits groupes sculptés évoquant par de séduisantes figures allégoriques les formes diverses du sentiment amoureux.
A l'instar de ses séculaires référents, le corps de la pendule s'organise autour d'une colonne tronquée réalisée en porcelaine aux cannelures cernées de rehauts or et alternativement revêtues de Bleu de Sèvres, de blanc. Sertie à sa base d'une mouluration en bronze doré ouvragée de quartefeuilles centrés de fleurettes, elle se nimbe en partie haute d'une somptueuse draperie tombante à franges sur laquelle un couple de colombes (symbole de l'Amour partagé, de L'Hymen) fôlatre tendrement.
Enjolivés de féminins noeuds rubannés, des guiirlandes fleuries, des branchages de myrte enveloppent le cadran émaillé blanc de la pendule inscrit, tout comme son mouvement , dans la pièce porcelainière. Cerclé sur sa lunette d'un double enfilage de perles, celui-ci indique les heures, les minutes en chiffres arabes .Il porte la signature de "Bisson/Paris"- pour Louis-Pierre Bissson,horloger parisien établi jusqu'en 1812 rue de Vaugirard auquel devait succéder Jean Lambert encore actif dans les années 1860 (Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, 1971,p. 59,p.346).Ce qui nous permet de dater vers 1860 notre pendule reprenant vraissemblabement un des chefs- modèles du premier horloger cité.
Représentées, l'une debout, l'autre assise, deux figures allégoriques en bronze doré encadrent la colonne conçue tel un Autel marital. Légèrement penchée en avant, auréolant de son main droite le sage couple de colombes, une jeune femme drapée d'une fluide tunique dévoilant ses formes graciles, présente en une gestuelle avenante des graines de grenade (symbole de la fécondité) lovées en le creux de son autre main. Posé sur une corne d'Abondance, un mignon Amour observe, amusé, un petit chien faisant, dressé sur ses pattes arrières, le beau attiré par le délicieux appât. Traités avec une grâce des plus séduisante, ces figures symbolisent respectivement La Tendresse et La Fidélité, -deux sentiments propices à la perpétuation de L'Amour sincère.
L'ensemble de cette composition de portée allégorique est soclé sur une base ovalisée à ressauts en marbre blanc mouluré. Encadrés de perlés, des appliques ajourées en bronze doré ciselé d'entrelacs feuillagés centrés de fleurettes ornent dans des réserves rectangulaires celle-ci sur toutes ses faces . Six pieds toupies ouvragés de feuilles lancéolées parachèvent l'élégante ordonnance de la pendule.
On notera le caractère trés soigné de son revers: un large clapet de forme rectangulaire serti d'un enlilage de parles est substitué au clapet circulaire plus courant.
D'une grande finesse d'exécution comme de conception, notre pièce horlogère est à ranger parmi les belles réalisations d'esprit Louis XVI de la seconde moitié du XIXe siècle.
Matériaux: Bronze doré ciselé; porcelaine à fond blanc et bleu dit "de Sèvres" et rehauts or; marbre blanc; verre et métal doré.
Dimensions: H.: 38 cm ;-L.:; 27 cm- Pr.: 17 cm.
Travail parisien de grande quailté de la seconde moitié du XIXe siècle, circa 1860.