D'une conception originale et particulièrement raffinée, cette élégante pendule de cheminée réalisée en biscuit de porcelaine acceuille un groupe sommital finement modelé. Représentées enlacées en une attitude dansante, trois gracieuses figures féminines,-Aglaé, Thalée et Euphrosine-, les cheveux ceints de diadèmes perlés, drapées dans une aérienne tunique à l'Antique dénudant leurs poitrines et vivifiant leur caressante silhouette évoluent sur un petit tertre moussu jalonné d'un menu bouquet de fleurs printanières. Retenue,fluidité, fraîcheur juvénile irradient de cette harmonieuse composition sculpturale mettant en scène avec légèreté les "Trois Grâces".
Cette dernière prend place sur une ample borne de forme ovalisée rythmée de cannelures. Sertie d'enfilages de perles, d'un épais jonc mouluré à rubans entrecroisés, ponctuée sur ses flancs de couronnes fleuries pendantes, elle abrite le mouvement de la pendule. Encadré de guirlandes feuillagées de myrthe ou piquées de roses et de fleurettes centrées de rubans noués, le cadran circulaire émaillé blanc ourlé sur sa lunettes d'un fin perlé indique les heures, les minutes en chiffres arabes. Il s'enjolive d'un décor peint dit à "La dauphine", lequel ajoute une délicate touche Louis XVI à cette pièce horlogère au vocabulaire néoclassique joliment mis en oeuvre.
Cerclé d'une baguette en bronze doré à enfilage de perles et d'une frise de rais-de-coeur, un socle de marbre vert de mer profilé en doucine valorise cet ensemble porcelainier réinterprétant au cours de la seconde moitié du XIXe siècle des modèles fort prisés par les horlogers et les bronziers du règne de Louis XVI.
Aussi, peut-on apparenter notre pièce horlogère de par la structuration de sa silhouette ,son recours à des formes et motifs récurrents au Style Louis XVI (borne cannelée, perlés, rubans, guirlandes de fleurs, petites fleurs et bouquet) comme par sa thématique charmeuse, au modèle de la pendule dite "Aux Trois Grâces" élaboré dans les années 1770-1780 pour la Comtesse du Barry par le Maître-bronzier François Vion (1737-1790), d'après l'oeuvre sculptée (Paris, Musée du Louvre, Inv.0A 6525) d'Etienne-Maurice Falconnet (1716-1791). Conjointement à cette magistrale création horlogère qui en son siècle jouit d' une grande notoriété et fut par la suite déclinée en plusieurs versions (modèle en 1880 par Henri Dasson), une filiation avec les productions de la Manufacture de Sèvres, en particulier avec la sculpture en biscuit à sujets mythologiques ou allégoriques façonnée par Louis-Simon Boizot (1734-1804) dans le dernier quart du XVIIIe siècle se dessine.
Jouant des référents d'époque Louis XVI, mariant avec une inventivité mesurée l'équilibre, la grâce du style néoclassique d'antan et le raffinement des matériaux , le concepteur de notre pendule nous livre une pièce de qualité . Le thème traîté- Le Trois Grâces-convie l'imaginaire d'une époque où, sous les ors du régne de Louis XVI, s'épanchait dans les arts décoratifs français, la libertine douceur d'un art de vivre. Daté de 1770, un projet de pendule "Aux Trois Grâces" dessiné par F.Vion ( conservé à Paris, Bibliothéque Doucet) n'est-il pas sous-titré: "Le Temps qui passe entre l'Amour et les Grâces"? . Conquise à l'esthétique intimiste Louis XVI, la société parisienne de la fin du XIXe siècle aima à doter ses intérieurs de pièces horlogères dites "à sujets" (allégoriques, sentimentaux, ..) similaires à celle que nous proposons.
Matériaux: biscuit de porcelaine; bronze, marbre vert de mer; émail et décor peint polychrome; métal doré et verre.
Dimensions: H.: 40cm -L.: 26 cm;-Pr.: 16 cm.