La chasse à courre, 1884
Huile sur toile
signée et datée en bas à droite
73 x 49,5 cm
Beau cadre cintré en bois et stuc doré de style Louis XIII (Quelques manques)
Prov.: Propriété familiale Bourgoin Jallieu, par descendance
Cette œuvre nous donne à voir un moment de repos de deux chasseurs et de leurs chiens sur un chemin forestier au crépuscule.
L’atmosphère du tableau est à la fois paisible et contemplative. Le spectateur est invité à s’immerger dans cette nature silencieuse, rythmée par la présence du chasseur et de ses animaux. La posture des chiens, attentifs et en mouvement, renvoie à l’animation de la chasse, tandis que le chasseur, debout, semble marquer une pause, en harmonie avec son environnement.
Il y a dans ce tableau est un certain esthétisme : l’attitude des deux hommes, le décorum de la nature et la lumière qui se dégrade dans le fond de la toile, font de cette peinture un véritable chef d’œuvre de la représentation cynégétique. L’œuvre s’inscrit ainsi dans une longue tradition faisant de la chasse une pratique noble où l’homme est en communion avec la nature. En effet, le XIXe siècle entretient la nostalgie de la vénerie de l’Ancien Régime et considère que son âge d’or se situerait entre l’accession du marquis de Dampierre aux fonctions de premier veneur de Louis XV et la Révolution française.
Le traitement de la lumière et l’attention portée aux détails de la végétation et des personnages rappellent l’influence des peintres réalistes et naturalistes de l’époque. L’œuvre témoigne également d’une sensibilité romantique, visible dans la majesté des arbres et dans l’intensité du ciel, qui confèrent au tableau une dimension presque spirituelle.
Théodore Lévigne, artiste prolifique du XIXe siècle, nait en 1848 à Noirétable (Loire) et est surtout connu pour ses scènes de genre, ses paysages et ses portraits. En 1856, son père, bottier cordonnier, vient s’installer à Lyon dans le quartier Saint-Jean. Jeune prodige et doté d’un talent certain, Lévigne entre à seulement douze ans à l’École des Beaux-Arts de Lyon. Trois ans plus tard en 1863, il se voit décerner la plus haute distinction de l’école : le Laurier d’Or.
Recevant une bourse de la Ville de Lyon, il décide de rejoindre l’École des Beaux-Arts de Paris et habite dans le 6ème arrondissement.
Lorsque la guerre franco-prussienne éclate, il s’engage puis est blessé à la main gauche lors d’une bataille à Nuits-Saint-Georges. Il peindra plus tard de nombreuses scènes de guerre. En 1893, il rejoint son frère Léon à la ferme d’Arche de Saint-Romain-au-Mont-d’Or pour partager leur passion commune dans un cadre bucolique.