Cadre rustique en bois sculpté à décors de laurier. Signature de l’ébéniste au dos.
Cette intéressante étude de frontispice, exécutée d’une main généreuse et vibrante, témoigne du grand goût baroque qui souffla sur Sienne durant le XVII ème siècle. Elle pourrait être de Francesco Rustici : le trait frémissant des drapés et les visages poupons aux yeux tombants font en effet écho à ceux d’un saint Sébastien dont la feuille conservée au Louvre, fut anciennement attribuée à Guido Reni (Inv. 6758, Ill.1). Dans notre dessin à la pierre noire, Rustici laisse libre cours à sa vision baroque : deux putti aux ailes déployées, munis de trompettes, nous présentent leur cartouche festonné destiné à recevoir une inscription. Par sa composition évoquant une étude de plafond, l’on retrouve dans cette oeuvre aux dimensions modestes et au trait appuyé destinée à être gravée, le modelé incarné du corpus peint de l’artiste (Ill.2).
Fig 1. Francesco Rustici, Irène, aidée par sa servante extrait les flèches du corps de saint Sébastien, pierre noire et lavis gris, 287 x 192 mm, Collection des Arts Graphiques du Louvre, numéro d’inventaire 6758.
Fig. 2. Francesco Rustici, Le Baptême du Christ, vers 1622, huile sur toile, Oratorio de San Giovannino et Gennaro, Musée de l’Oeuvre, Cathédrale de Sienne
Formé par son père Vincenzo Rustici (1557-1632), la famille de notre artiste comprenait aussi un autre peintre en la personne de son oncle, Alessandro Casolani (1552-1607). Influencé par la douceur du style de Francesco Vanni, le jeune Rustici séjourne à Rome où il étudie les caravagesques, la nouvelle manière des frères Carraches et se laisse imprégner par le bolonais Guido Reni. Ces multiples influences en firent un brillant interprète du naturalisme caravagesque, un courant novateur recherchant les effets de la lumière à la chandelle (Ill.2). Son succès foudroyant fut à l’image de sa mort prématurée, à l’âge de trente-quatre ans. Comme l’a très bien étudié et démontré Marco Ciampolini, ses œuvres étaient conservées dans les collections de Giulio Mancini, de Cassiano del Pozzo, du cardinal Lorenzo Magalotti ainsi que dans la collection française du cardinal de Richelieu. Il fut surtout collectionné par les Médicis et par la grande duchesse, femme de Cosimo II, sa mécène la plus importante.
Bibliographie
Marco Ciampolini, Pittori senesi del Seicento, 3 vol., Sienne, 2010, II, p. 666. Galerie Canesso, Notice d’oeuvre, Francesco Rustici.