Galonné sur son pourtour d'un perlé, de baguettes en bronze doré finement ouvragées de rinceaux feuillagés, d'un motif passementé alterné de fleurettes stylisées, cet élégant Coffret, diâpré sur sa forme rectangulaire de bois ébonisé, se bijoute d'une exquise ornementation en appliques. Silhouettées sur un fonds végétal avivé de luxuriantes plantes aquatiques, des Grues animent ses pans arrondis. A ces exotiques échassiers font écho sur son abattant quatre menues masques féminins: auréolés d'un cheptel de feuillages fleuris, ces charmants minois aux traits sinisants festonnent en écoinçons le couvercle. Reliés par un enfilage de perles, ceux-ci encadrent une séduisante composition florale "au naturel." Délicatement ciselés , de volubiles tiges feuillagées déploient en un mouvement souple et délié leurs ramifications fleuries de pivoines épanouies ou en boutons.
Traitée en demi-relief ou en haut-relief, cette parure ornementale fort recherchée confère à ce Coffret ,voué aux coquettes parures ou ravissants effets mondains d'une Elégante d'Antan, un indéniable "effet artistique" .
Chatonné sur l'entrée de sa serrure d'un cartouche Rocaille enjolivé de deux Chérubins voletant, le Coffret, ouvert, démasque un intérieur gainé de soie moirée beige aux reflets irisés.
Quatre petits pieds toupies bagués d'un perlé parachèvent la composition de ce "meuble à main" nanti "d' une grâce exquise".
Elégance formelle, sophistication des matériaux et superbe du contraste chromatique créé relevé d'une touche de fantaisie par le choix d'éléments ornementaux d'inspiration sinisantes -et, plus précisemment de motifs "japonisants" alors trésen vogue dans les arts décoratis parisiens depuis l'Exposition Universelle de 1867- constituent les principaux atours de ce Coffret portant, insculptée sur le champ de sa serrure, la signature de l'un des plus "habile, trés-fin chercheur" et "inventif" (Louis Enault) représentant de "la grande fantaisie" d'"ébénisterie artistique" parisienne du Second Empire: "DIELH R. Michel Le Comte, 19. PARIS".
Dans un article de l'Annuaire Encyclopédique (Tome 9, p.1961) consacré en 1869 à la Maison d'ébenisterie Artistique de M.Dielh, le rédacteur de l'époque écrivait: " Le monde élégant et le monde artistique connaissent de longue date et avantageusemet la fabrication et les magasins de M. Ch. Dielh ; il est peu de salons bourgeois, en effet, qui ne possédent quelques unes des charmantes fantaisies imaginées et exécutées par cet intelligent fabricant, tant le nombre en est considérable et varié, à ne citer que les boîtes à gants, à thé, à odeurs, les caves à liqueurs, les jardinières à main et sur pieds, les étagères, les guréridons, les coffrets, les nécessaires (...) Cette Maison a presque le monopole de tous les petits meubles de fantaisie , dont elle renouvelle sans cesse les formes et les dessins".
Au côté des magistrales pièces mobilières d'apparat "d'une richesse de détail et pureté d'excécution fort rares à l'époque" , aujourd'hui fleurons des institutions muséales ( Le Triomphe de Mérovée, cabinet-médailler, 1867, Paris, Musée d'Orsay; Cave à Cigares en cabinet, Amsterdam, Rijksmuseum,..), ou de ses "petits meubles riches et gracieux" jouant avec science et inventivité de répertoires stylistiques en vogue( Boullien,Louis XVI, néo-grec, naturaliste,.), notre Coffret à Bijoux fait partie de ces objets d'"ébénisterie en miniature, ornée de satin, de velours et de moire" "de "toutes les formes, de tous les styles et de toutes les grandeurs " qui, sous la tutelle de Charles-Guillaume Dielh (1811-1885), deviennent "des prodiges d'élégance" ( Louis Enault, 1867).
On se laissera ainsi charmer par ce Coffret exécuté par cet émérite représentant comme le disait élégamment Auguste Luchet de "tous ces petits meubles utiles ou inutiles que l'on met sur les grands" (Le Monde Illustré, 1861) pour lesquels Dielh n'eut en son siècle que"peu de rivaux sérieux"- exceptées les Maisons Tahan ou Alphonse Giroux, fort prolixes en ce domaine et tout aussi courues par la fashionable gente féminine parisienne du Second Empire.
Travail de fine tabletterie de luxe parisienne de la seconde moitié du XIXe siècle d'Epoque Napoléon III .Signé de Charles-Guillaume Dielh , fondateur de la prestigieuse Maison d'ébénisterie établie à Paris, 19 rue Le Comte. Circa 1860.
Matériaux: Placage de bois ébonisé; bronze doré; moire
Dimensions: H.: 12 cm;-L.: 28 cm;- Pr.: 21 cm.
Trés bel Etat. Avec sa clé. Serrure fonctionnelle.
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"M. Dielh, simple ouvrier il y a vingt cinq ans , a fondé lui-même sa maison, à laquelle il a progressivement donné le développement commercial considérable qu'elle posséde aujourd'hui, et à laquelle il occupe actuellement 150 OUVRIERS AUX DIFF2RENTS TRAVAUX DE SA BELLE ET INTERREESANTE INDUSTRIE
"C'est encore un ouvrier, un glorieux parvenu du travail, ce bon Dielh, venu jadis avec trente deux francs dans sa poche, et qui est aujourd'hui l'un des fabricants les plus riches et les plus justement considérés de la Place
Lamy Octave, L'Art français à l'Eposition des Beaux-Arts appliqués à l'industrie de 1874 , pp.43-44 Dielh Ameublements, 19, rue Le Comte : "une organisation manufacturière de premier orde permet à M.Dielh d'étendre à l'infini les variétés de l'ébénisterie; nous ne pouvons que constaterle succés trés vif de cette puissance de production de la Maison Dielh, et reconna^tre que si ses efforts ont été appréciés dans toutes les Expositions de France et de l'Etranger, le public français particulièrement a depuis longtemps classé M Dielh parmi les industriels qui ne négligent rien pour augmenter la richesse artistique de la France
Littérature liée: Ledoux-Lebard, Denise, Les Ebénistes du XIXe siècle, 1795-1889, Paris: Ed.de L'Amateur, 1984, p.25;- Mestag, Camille, L'Ameublement d'Art français, 1850-1900, Paris, Ed. de L'Amateur, 2010, p. 192; -Payne, Christopher, Paris. La quintessence du Meuble au XIXe siècle, Ed.Monelle Hayot, 2018, pp.-241;
Ces quelques lignes rédigées par dansmet simultanément en exergue la renommée acquise par cet émerite ébéniste parisien "spécialisé dans la fabrication de Nécessaires de voyage, de toilettes et d'ébénisterie de goût et de fantaisie" , la qualité d'exécution, le raffinement de ses menues pièces en lesquelles -à l'instar de celles de son prédécesseur, Alexandre-Louis Vervelle (1800-1856)- "Elles s'accordent pleinement au Coffret à Bijoux présenté dont on ne peut que souligner la précieuse élégance formelle et ornementale