Cette oeuvre représentant le port de Camaret-sur-Mer aux premières lueurs du soir est l'une des quatre versions réalisées par l'artiste après celle de 1892, conservée aujourd'hui au musée d'Orsay.
La première verison de ce tableau fut achetée par l'Etat directement à l'artiste un an après sa création, en 1893. L'authenticité, sa clairvoyance et les talents de coloristes de Cottet lui vaudront, dès cette période, une reconnaissance internationale. Il sera, au début du XXème siècle, l'un des peintres français les plus respectés et les plus chers sur le marché de l'art.
Membre de la Bande Noire en croisade contre les impressionnistes, Charles Cottet est le représentant de la Bretagne authentique, celle de la rudesse du climat et des vies misérables de ses habitants. Ici, tous les hommes, situés au centre du tableau, sont dans l'ombre. Et pourtant, cette oeuvre illustre à merveille la lumière de cette "terre des âmes" comme le disait si bien Jean-Georges Cornélius; elle s'accroche au haut des voiles, à la tour Vauban, aux falaises de Roscanvel mais ne s'attarde jamais sur les vivants.
Dans la grande Histoire de la peinture, ce tableau, riche d'une immense sensibilité, fera date. Cottet a gagné le respect des habitants des côtes du Finistère et des ouessantins en partageant leurs vies, et non en se positionnant en observateur exterieur. Cette approche singulière fait de lui l'un des premiers peintres ethnologues, réalisant des toiles tant esthetiques que philosophiques. Ce tableau est le plus bel exemple de son oeuvre à l'aura universelle.
"L'émotion de M. Cottet a pour base une véritable philosophie dont la source est un profond sentiment de pitié: sa conception de la vie est nette. La vie, c'est la lutte et la souffrance, la misère est universelle, la souffrance couvre tout le monde." Max Jacob, 1899.
Signé en bas à gauche, cadre d'origine.