Par Jean Ranc (Montpellier 1674 - Madrid 1735), vers 1700
Huile sur toile de forme ovale,
Dimensions : h. 91 cm, l. 72 cm
Cadre en bois doré et sculpté à décor de feuilles de laurier d'époque Louis XIV
Dimensions encadré : h. 108 cm, l. 86 cm
Provenance: Collection des marquis de Bailleul au château d'Angerville-Bailleul (avant 1942).
Important portrait de jeune femme représentée à mi-corps tournée de trois-quarts, le visage regardant spectateur.
Vêtue d’une robe de velours rouge brique, un élégant drapé bleu enveloppe sa figure.
Coiffée « a la Fontange », ses cheveux poudrés sont relevés et attachés à l’arrière par un ruban rouge, plusieurs mèches bouclées s’échappent de son chignon et tombent sur son dos et ses épaules.
Le visage à l’ovale parfait et aux traits réguliers dominé par son nez droit est adouci par ses yeux gris aux paupières légèrement baissées. Les carnations teintées de rouge sur les joues et les pommettes colore le visage et rend le portrait vivant.
La jeune femme est portraiturée debout près d’un pot d’œillets. Sa figure fortement éclairée se détache sur fond architectural de colonnes.
La palette de l’artiste est faite de contrastes opposants les teintes chaudes aux teintes froides. Le bleu électrique glacial tranche avec le rouge brique enflammé, les cheveux poudrés de blanc accentuent d’autant plus l’empourprement des joues.
Le bras gauche plié au coude, étendant la main ouverte aux doigts légèrement fléchis au premier plan apporte de la profondeur à la composition.
Notre portrait, un témoignage intéressant dans le corpus d’œuvres du peintre, s’inscrit dans sa période de jeunesse, vers 1700-1705.
L’ancienne appartenance de ce portrait aux Marquis de Bailleul vient renforcer le caractère remarquable de notre peinture.
Le portrait a été examiné par Stéphane Perreau, spécialiste de Jean Ranc et sera inclus dans le catalogue raisonné de l'artiste en cours de rédaction, sous le numéro P. 43. La notice rédigée par Mr Perreau est ci-dessous :
« Peint vers 1700-1705, ce portrait de femme est directement hérité de Hyacinthe Rigaud, le maître de Jean Ranc (la main retournée sur le devant, en un mouvement de montre, la présence du pot de fleurs duquel jaillissent des œillets et le drapé bleu). L'ajout dans la partie basse du drapé bleu d'un pli en « ove », les grands aplats de brun foncé et ses revers de plis géométriques sont typique de l'art de Jean Ranc. Les parties ombrées, très prononcées, semblent creusées dans la matière et simplement rehaussées sur leurs arêtes par de larges traits d'une lumière crue brossée avec énergie. Les cheveux, mis en chignon haut d'où s'échappent plusieurs longues mèches retombantes sur les épaules et le dos, sont retenus et ornés d'un ruban rouge aux plis géométriques. Cette coiffure témoigne d'une mode très répandue dans les premières années du XVIIIe siècle. À cette époque, les hauts chignons « à la Fontange » tendent à perdre de la hauteur tout en conservant les deux boucles ou « cruches », disposées de part et d'autre du front. Elles sont mises en relief par une ombre franche qui matérialise chez Ranc une vive lumière venant de la gauche de la composition. C'est aussi dans les carnations et leur aspect porcelainé que la manière de l'artiste se révèle. Les yeux sont rehaussés d'un trait de crayon noir sous la paupière supérieure, tandis que le dessous de l'inférieure est largement forcé de blanc, afin de fournir davantage de contraste avec le rose très prononcé des joues. »
Bibliographie : Jean Ranc, un Montpelliérain à la Cour des Rois, Michel Hilaire, Stéphan Perreau, Pierre Stépanoff, Silvana Editoriale; 20/02/2020
Jean Ranc (Montpellier 1674 - Madrid 1735), un des plus brillants élèves de Hyacinthe Rigaud, académicien en 1703. Portraitiste des cercles parisiens proches du Régent durant près de 26 ans, il aura le privilège de travailler à la cour d’Espagne pour le neveu de Louis XIV, le roi d’Espagne Philippe V.