La composition met l'accent sur la tâche exténuante et la force musculaire des forgerons. L'espace, dont l'environnement demeure assez neutre, reste dominé par des tons sombres de gris, bleu et noir, éclairés au centre par la touche rouge de la pièce de métal incandescente sur l'enclume. La scène est saisie sur le vif, pendant le travail attentif et coordonné des protagonistes.
Franck Bail nous a habitué à ses scènes intimistes mais il a rarement traité l’atmosphère sombre et confinée de cette forge anonyme. L’œil est d’abord attiré par la lumière oblique tombant d'une large fenêtre et celle émanant des feux jaillissant des fours. Plusieurs scènes se déroulent simultanément, correspondant à différentes étapes de la fabrication. La plus lisible est au centre du tableau : le forgeron sous l’œil de son aide-forgeron qui agite le soufflet à attiser les braises dans le foyer. Les jeux de clair obscur confèrent à cet antre où de petits hommes maitrisent les forces telluriques une dimension grandiose et terrifiante