Superbe lettre du vieux tigre, au soir de sa vie. Lettre emprunte de modestie, de sagesse et d’humour, le vainqueur de Verdun, retraité, goûte au plaisir simple des belles fleurs de son jardin vendéen, et s’attele à la rédaction de réflexions philosophiques, « Au soir de la pensée », dont il n’attend du reste aucune gloire posthume : « J’ai eu le plus grand plaisir à recevoir votre bonne lettre de nouvel an. Vous ne doutez pas que vos vœux d’amitié ne vous seront amplement retournés. Je vois avec plaisir que vous êtes un philosophe, puisque vous vous rapprochez de la terre, comme je fais moi-même avant que d’y retourner. J’ai un petit coin de sable au bord de la mer de Vendée [Saint-Vincent-sur-Jard] où parfois poussent de belles fleurs. Le malheur est que raz de marée et tempêtes m’en emportent de temps en temps un morceau. Mais à force de maçonnerie, j’espère tenir bon jusqu’à mon dernier jour. J’écris, comme vous l’avez deviné, mais ce ne sont pas des mémoires non de non ! Je me contente d’un simple ouvrage de philosophie [« Au soir de la pensée »] que personne ne lira et qui ne sera publié que longtemps après ma mort. C’est presque aussi inoffensif que vos poules et vos lapins dont j’ai le respect depuis longtemps. On peut faire plus mal que nous, n’est-ce pas ? En vous remerciant de ne pas m’oublier, et en vous promettant la réciprocité de bon cœur (…) »
« Au soir de la pensée » est un ouvrage philosophique de réflexions sur l’homme, les religions, la culture, le progrès, qui occupe pleinement ses vieux jours. Il est publié en 1927, deux ans avant sa mort.