Victor Hugo accepte, à contre cœur, de corriger son discours de réception à l’Académie française suite au vif mécontentement de Louis-Philippe qui n’a pas apprécié d’avoir été qualifié, dans son discours public du 3 juin, d’« aide de camp de Dumouriez ». Il doit revoir sa copie à l’impression du texte en reformulant sa phrase par « lieutenant de Dumouriez et de Kellermann » aux victoires de Valmy et de Jemmapes : « Ce que le roi désire sera fait, mon cher confrère. Les biographies sont formelles, mais j’aime mieux croire le roi que ses biographies. Je mettrai donc lieutenant de Kellerman, et je ne prononcerai plus le nom de Dumouriez. J’envoie immédiatement le discours chez Didot. Je viens de relire le vôtre dans les Débats [réponse de Salvandy au discours de réception de Hugo en séance publique du 5 juin], et je suis heureux de vous dire que si, comme homme, dans ce qui est probablement mes illusions, il me froisse peut-être un peu, comme écriture, il me charme. Je vous serre la main. Offrez, je vous prie, à Madame de Salvandy, dont les bontés gracieuses me laissent à jamais prisonniers, mes hommages les plus avérées et les plus respectueuses… »
Victor Hugo candidat malheureux en 1836 est enfin élu au rang d’Immortel le 7 janvier 1841 par 17 voix, au fauteuil n° 14, succèdant à Népomucène Lemercier. Il est reçu le 3 juin par le comte Narcisse-Achille de Salvandy. Son discours de réception dans le grand hémicycle du palais Mazarin est plus politique que littéraire, motivé par une ambition de servir son pays dans une grande fonction. Mais les immortels ne l’entendent pas de cette oreille et la réponse au discours de l’académicien Salvandy ne se fait pas attendre en le remettant sèchement à sa place d’écrivain. Hugo apprend que Béranger s’est aussi étonné de son discours : « Je trouve bizarre que Victor Hugo entre à l’Académie pour se poser en homme politique et même futur ministre. C’est une maladie qui gagne »