Attribué à Hugo Höppener, Dit Fidus - Enluminure De L’antiphone Jugendstil

Enluminure de l’Antiphone, Théotokos au Messie, entourés de quatre anges thuriféraires
Gouache sur parchemin à fond d’or
Vers 1900
Inscription en bas O oriens, splendor lucis aeternae, et sol iustitiae : veni, et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis *

llustrateur, peintre et éditeur de livres, Hugo Höppener est passé à la postérité en tant qu’enlumineur illuminé. Fils de parents confiseurs-pâtissiers à Lübeck, il fait très tôt preuve d’un talent de peintre et d’une imagination foisonnante. Reçu au concours de l’Académie des Beaux-Arts de Munich en 1887, il fait rapidement la rencontre de « l’apôtre de la nature » le peintre Karl Wilhelm Diefenbach (1851 – 1913). Le jeune Hugo choisit alors d’abandonner ses études afin de rejoindre la communauté mystique fondée par ce dernier qu’il choisit comme maître spirituel. Située dans la campagne sud de Munich, sur les bords de l’Isar, Höppener se laisse alors pousser les cheveux, devient végétarien et porte des vêtements en laine. Condamné à huit jours de prison pour nudité publique, le jeune artiste décide de purger cette peine à la place de son aîné, ce qui lui vaut le surnom de Fidus – le fidèle – de la part de Diefenbach. Entre 1892 et 1903, Fidus installe son atelier à Berlin et fréquente les cercles ésotériques et théosophiques russes d’Helena Blavatsky, qui influencent son répertoire iconographique.

Si l’’œuvre de Fidus se caractérise en partie par des motifs de figures humaines nues dans des décors naturels, il affectionne également la lumière et l’idéal héroïque, tant dans un symbolisme théosophique que chrétien. Ses illustrations ont été publiées dans de nombreux magazines, livres et autres documents imprimés. Son œuvre la plus célèbre, La Prière à la Lumière, est devenue une icône du mouvement Lebensreform – Réforme de la vie. À l’instar des Hippies dans les années 1960 aux États-Unis, ce mouvement précurseur né en Suisse et en Allemagne à la fin du XIXème siècle critiquait l’urbanisation et l’industrialisation moderne : son slogan était celui d’un retour à la nature. Notre précieuse gouache sur parchemin à fond d’or fait autant écho aux enluminures médiévales occidentales qu’aux canons religieux byzantins, interprétant les liturgiques paroles de l’Antiphone orthodoxe inscrites en latin en bas de la composition pouvant être ainsi traduites * Orient, splendeur de l’éternelle lumière, et soleil de justice, venez, et illuminez ceux qui croupissent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. L’artiste allemand nous entraîne dans un syncrétisme religieux subtil caractéristique de sa sensibilité et de du style Jugendstil.