Le sculpteur immortalise ici l'instant où la Vierge s'évanouit sous l'effet de la douleur ressentie à la vue du supplice de son fils sur la croix. Marie est retenue dans sa chute par l'apôtre Jean, à la chevelure bouclée et au visage juvénile imberbe. Vêtue d'une élégante coiffe à bourrelet nouée sous son menton, Marie Madeleine porte la main inerte de la Vierge tout en essuyant ses larmes d'un revers de manteau dans un geste empli de pathos. Au second plan, une troisième sainte femme voilée joint ses prières et sa peine au groupe.
Ce fragment devait autrefois prendre logiquement sa place dans l'aile dextre d'un retable, au pied d'une Crucifixion. D'un point de vue stylistique, il doit être rapproché de la Pâmoison de l'église de Noirval, dans les Ardennes, qui elle aussi s'inscrivait autrefois au sein d'un retable plus important. Outre le fait qu'elle reprenne une composition très semblable, ses protagonistes présentent aussi les mêmes physionomies que celles visibles sur notre panneau. Ces dernières se caractérisent par des facies pleins marqués de petits mentons en boule, un nez pointu et des yeux fins en amande très étirés. Cette proximité stylistique étroite entre les deux reliefs rend envisageable leur attribution à un même atelier.
Prenant sans doute pour modèle les célèbres retables des Pays-Bas méridionaux, ce retable lève alors le voile sur une production ardennaise originale encore mal connue, dont très peu de témoignages nous sont parvenus, et vient compléter par sa découverte le paysage de la "France des retables" à la fin du Moyen Âge.