Alphonse Legros, Canal près de Dijon, vers 1900, dessin au crayon et lavis d'encre brune, signé

Alphonse Legros (1837 – 1911)
Personnages au bord d'un canal en Bourgogne, vers 1890-1900
Dessin au crayon, plume et lavis d'encre brune sur papier
Signé à l'encre en bas à gauche « A. Legros »
30,2 x 45,7 cm
Au verso, marque de collection « LAL », estampée à l'encre noire (pas dans Lugt) ; numéroté 24 (au crayon, encerclé), titre au crayon « Canal près de Dijon » et mention « (from Miss Marie F. Legros) »

Très bon état, légères rousseurs dans le ciel (voir photographies)
Présenté tel quel, en feuille

Provenance : Famille de l'artiste ; Collection privée, France

Comparatifs :
National Gallery of Art, Washington :
dessin de 1906 : https://www.nga.gov/collection/art-object-page.37034.html

Royal Academy, Londres :
dessin de 1905 : https://www.royalacademy.org.uk/art-artists/work-of-art/burgundy-landscape

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Le dessinateur, graveur et peintre Alphonse Legros est né à Dijon en 1837. Par sa formation artistique à Paris, dans l'atelier d'Horace Lecoq de Boisbaudran, il se lia d'amitié notamment avec Fantin-Latour et James Abbott McNeill Whistler, avec qui il partage un attachement à l'œuvre réaliste de Gustave Courbet ainsi qu'un engagement dans la pratique et la défense de la gravure à l'eau-forte. Ensemble, ils forment « la Société des Trois ». Whistler encouragea Legros à s'installer à Londres, ce qu'il fit en 1863, et il commença à y exposer ses œuvres régulièrement en même temps qu'à Paris.
En Angleterre, son talent et sa vision de l'art le rapprochèrent assez vite de Dante Gabriel Rossetti, Lawrence Alma-Tadema et Burne-Jones, entre autres, et il connut rapidement le succès grâce à son art qui déroutait peut-être trop les amateurs français – bien que les plus fins critiques de l'époque, Baudelaire, Duranty, Astruc et Champfleury l'appréciaient et continuaient de l'encourager.
Alphonse Legros était l'artiste central de l'exposition présentée au Petit Palais en 2018, intitulée « Les Impressionnistes à Londres – Artistes français en exil, 1870-1904 ». Pour ses confrères français arrivant à Londres, il constituait le premier contact outre-Manche ainsi que la pierre angulaire de leur communauté : Carpeaux, Jules Dalou. Jean-Charles Cazin, Léon Lhermitte, François Bonvin, entre autres.
En 1876, Legros fut nommé professeur à la Slade School of Fine Art, où il s'est appliqué à mettre l'accent sur l'importance du dessin, de la gravure et sur la connaissance des maîtres anciens. Tout au long de sa carrière, l'art d'Alphonse Legros est resté fortement inspiré par le réalisme de Millet et de Courbet et par la poésie profonde et majestueuse des maîtres anciens.

C'est ce que l'on ressent dans ce dessin, qui évoque à la fois les gravures de paysages de Rembrandt, le romantisme anglais de Bonington ainsi que le réalisme français du XIXème siècle.
Ce vaste paysage au crayon et au lavis d'encre brune se ressent comme une vision, une évocation lointaine sous la main de l'artiste qui a grandi dans des lieux semblables en Bourgogne et qui a fait appel à ses souvenirs, mêlés d'une vague étrangeté, pour inventer cette scène dans toutes les nuances de l'encre brune. Legros compose avec sensibilité, sans véritablement d'anecdote, pour le plaisir de faire ressentir une atmosphère faite de bruissements, de cours d'eau et de murmures paysans.
Pour ce dessin, une datation autour des années 1890-1900 est envisageable. Il s'agit de la période de l'artiste où, ayant enfin pris sa retraite de son rôle de professeur, il retrouve pleinement le plaisir du dessin libre d'imagination (voir les œuvres comparatives mentionnées plus haut).

Les dessins et gravures d'Alphonse Legros sont conservés dans les plus grands musées, depuis le Louvre jusqu'au British Museum en passant par la National Gallery de Washington, la Royal Academy de Londres et le Metropolitan de New York.

Ce dessin est très bien conservé et est empli de cette poésie tout à fait unique à Alphonse Legros.