La scène représente le sauvetage de deus enfants par deux soldats de l'effondrement d'une maison à pans de bois.
Au centre la jeune mère défaille dans les bras de sa mère et de sa grand mère, devant une foule affolée. Le premier des sauveteurs surplombe la scène de panique en arborant un leger sourire, il porte un enfant dans ses langes qui baisse les yeux vers sa mère en souriant.
La poussière et la fumée de cette scène quasi nocturne contribue à la dynamique dramatique de cette scène, ainsi que les expressions et attitudes affolées de tous les personnages à l'exclusion des sauveteurs.
Datation des costumes :
Le vêtement et le gilet brodé du bourgeois à gauche en tricorne renvoie aux années 1790, la robe à basque de la femme de dos à droite, également. Toutefois la robe blanche de la jeune mère avec sa taille haute et son drapé fluide ainsi que son châle coloré sont typique du Directoire ou du Consulat, avant 1806. Les uniformes sont sans doute ceux de l'artillerie en ligne, surnommés "culs blancs", des uniformes adoptés en 1791. En dehors de la jeune femme vêtue à la derniére mode (un chapeau à l'anglaise gît à ses pieds), la plupart des protagonistes semble avoir un style plus provincial.
Stylistique :
Sous la Révolution, la dissolution des académies royales et provinciales, et le départ de nombreux artistes à l'étranger suivant les nobles, aboutirent (en dehors de quelques grands noms) à une décadence de la peinture française, et à une production souvent trop naïve. Ici rien de cela, nous avons à faire à un artiste qui témoigne d'une grande maîtrise de la composition, du dessin, de la perspective et de la couleur. Le soldat de droite, l'enfant qu'il porte, le bourgeois, la femme en bleu se couvrant la tête et son enfant, ainsi que les personnages à la fenêtre à gauche sont très XVIIIème dans l'esprit de GREUZE. Le jeune soldat, l'enfant qu'il porte, le jeune homme à la redingote verte et la femme affolée juste derrière, sont déja romantiques. L'enfant souriant ressemble à certaines figurations qui seront faites quelques années plus tard du Roi de Rome. Il n'est pas impossible qu'aient travaillé sur le même tableau, un maître et son élève.
Identification du thème :
Il se peut qu'il ne sagisse que d'une anecdote dont nous n'avons pas connaissance, un simple incendie. Mais toutefois il est très possible que soit là figuré un épisode du tremblement de terre du 25 Janvier 1799, le séisme de Bouin, dans le marais breton-vendéen qui fit de nombreux dégats. Aprés la guerre de Vendée et des Chouans, la commande d'un tableau à la gloire des sauveteurs de l'armée aurait eu un sens de propagande.